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Marcel Griaule (Aisy-sur-Armançon, Yonne, 1898 - Paris, 1956) est un ethnologue français.
Après avoir passé plusieurs mois en Abyssinie (1928 - 1929), il organisa la traversée de l'Afrique d'ouest en est : la mission Dakar-Djibouti de 1931-1933 avec Michel Leiris, André Schaeffner et d'autres ethnologues, inaugurant l'ethnologie de terrain à cette occasion. Au cours de cette expédition, il étudia les Dogons sur lesquels il fit la grande majorité de ses recherches.
Très attaché à la culture dogon, il participa au développement de la région en favorisant en particulier la construction d'un barrage d'irrigation pour la culture de l'oignon, du piment dans la région de Sangha (Sanga).
Un de ses apports essentiels (relatif à l'ethnographie) est d'avoir démontré que la cosmogonie dogon (orale) est au moins aussi importante que les cosmogonies occidentales. Il sera toutefois très critiqué pour avoir sous-estimé l'influence occidentale dans les connaissances astronomiques des Dogons. Il fut l'un des rares ethnographes à bénéficier de funérailles traditionnelles africaines.
En 1941, il remplace à à l'INLCOV (École des langues orientales) son ancien professeur d'amharique, Marcel Cohen, interdit d'enseigner par les lois antisémites.
De 1943 à sa mort, il est professeur à la Sorbonne (première chaire d'ethnologie). Il est également conseiller de l'Union française. Depuis 1940, il était secrétaire général de la Société des Africanistes.
Il a travaillé, entre autres, avec Germaine Dieterlen et sa fille Geneviève Calame-Griaule.
Ouvrages
* Les Flambeurs d'hommes (1936) * Masques dogons (1938). 4e édition 1994, réimprimée en 2004. Publications Scientifiques du Muséum national d'Histoire naturelle. 890 p. + XXXII. (ISBN 2-85653-569-0) * Jeux dogons (1938) * Les Sao légendaires (Gallimard 1943) * Dieu d'eau (entretiens avec Ogotemmeli, ouvrage qui révèle les structures de la pensée sacrée dogon) (1948) * Méthode de l'Ethnographie (1957) * Renard pâle, ethnologie des Dogons, Institut d'Ethnologie, 1965/1991 (en collaboration avec Germaine Dieterlen).
Bibliographie
* (en) Walter E. A. van Beek, « Dogon Restudied: A Field Evaluation of the Work of Marcel Griaule », Current Anthropology, n° 32 (1991), p. 139-167 * (fr) Isabelle Fiemeyer, Marcel Griaule, citoyen dogon, Actes Sud, 2004, 166 p. (ISBN 2742748059)
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Michel Leiris, (né le 20 avril 1901 à Paris et mort le 30 septembre 1990, à Saint-Hilaire dans l'Essonne) est un écrivain, ethnologue et critique d'art français, mais aussi Satrape du Collège de Pataphysique.
Michel Leiris est né au sein d'une famille bourgeoise cultivée habitant au 41 rue d'Auteuil dans le seizième arrondissement. Sa famille le pousse contre son gré à faire des études de chimie alors qu'il est attiré par l'art et l'écriture. Il fréquente les milieux artistiques après 1918, notamment les surréalistes jusqu'en 1929. Il se lie d'amitié avec Max Jacob, André Masson, Picasso, etc. Son œuvre a marqué les recherches ethnographiques et ethnologiques.
En 1935, dans L'Âge d'homme, voici comme il se décrit :
« Je viens d’avoir trente-quatre ans, la moitié de la vie. Au physique, je suis de taille moyenne, plutôt petit. J’ai des cheveux châtains coupés court afin d’éviter qu’ils ondulent, par crainte aussi que ne se développe une calvitie menaçante. Autant que je puisse en juger, les traits caractéristiques de ma physionomie sont : une nuque très droite, tombant verticalement comme une muraille ou une falaise, marque classique (si l'on en croit les astrologues) des personnes nées sous le signe du Taureau ; un front développé, plutôt bossué, aux veines temporales exagérément noueuses et saillantes. (...) Mes yeux sont bruns, avec le bord des paupières habituellement enflammé ; mon teint est coloré ; j'ai honte d'une fâcheuse tendance aux rougeurs et à la peau luisante (...). » — Je viens d'avoir trente-quatre ans, §1 in Michel Leiris, L'Âge d'homme, Gallimard, 1939.
Eugène Leiris (1855-1921), son père, travaille dès l’âge de quatorze ans. Il est agent de change d’Eugène Roussel (1833-1894) puis de son successeur Jacques Sargenton, caissier des titres de ce dernier, puis son fondé de pouvoirs. Etabli à son compte, il est alors l’homme d’affaires de Raymond Roussel (fils d’Eugène Roussel et écrivain à qui Leiris voue une immense admiration). Eugène Leiris décède, le 16 novembre 1921, des suites d’une opération de la prostate. Max Jacob, retiré, fin juin 1921, au couvent des bénédictins de Saint-Benoît-sur-Loire, adresse, le 18 novembre 1921, ses condoléances à Michel Leiris qui vient de perdre son père. C'est la première des lettres qu’il lui adresse (deux par mois) au cours des deux années qui suivent. Les soixante-six lettres, dont cinquante-deux de novembre 1921 à décembre 1923, conservées par Leiris ont été publiées.
Il épouse en 1926 Louise Godon surnommée Zette, fille « naturelle » de Lucie Godon qui a trois sœurs plus jeunes. Michel Leiris devient ainsi le beau-fils de Daniel-Henry Kahnweiler, le puissant marchand de tableaux (s'occupant de Picasso notamment), ami de Max Jacob, Georges Braque. Chez les Kahnweiler, on rencontre régulièrement André Masson et ses amis, le critique d’art Maurice Raynal (1884-1954), Élie Lascaux et son épouse Berthe (sœur de Lucie Godon), Suzanne Roger et son mari André Beaudin, le sculpteur Jacques Lipchitz, le musicien Erik Satie, le dramaturge Armand Salacrou et sa femme Lucienne, des écrivains et poètes Antonin Artaud, Charles-Albert Cingria (1883-1954), André Malraux et sa femme Clara.
Études
Les parents de Michel Leiris s’installent, en 1904, au 8 rue Michel-Ange dans un quartier d’Auteuil. De 1906 à 1909, Michel fréquente, jusqu’à la classe de neuvième incluse, l’école privée mixte de la rue Michel-Ange.
Au mois d’octobre 1909, il entre au cours Kayser-Charavay, avenue Montespan, pour une année scolaire. En octobre 1910, il est en classe de septième, et l’année suivante en sixième, au cours Daguesseau, dirigée par l’abbé Llobet, rue Boileau.
Puis, en octobre 1912, il intègre le lycée Janson-de-Sailly pour y suivre les cours de cinquième. En juillet 1914, Michel termine sa quatrième avec le deuxième prix de français et le premier prix de récitation. En juillet 1916, il obtient, à la fin de sa classe de seconde, les premiers prix de composition française et d’exercices latins, mais, pour raison disciplinaire, il doit quitter le lycée Janson-de-Sailly. Sa famille le protège des nouvelles concernant la Première Guerre mondiale.
Au mois d’octobre 1916, il entre à l’école Vidal de la rue de Passy, pour y suivre la classe de première. Michel obtient en juillet 1917, la première partie du baccalauréat latin-langues, avec l’indulgence du jury. Il retourne, en octobre 1917, au cours Kayser-Charavay, pour suivre sa classe de philosophie. Il échoue, en juillet 1918, à la deuxième partie du baccalauréat. L’été 1918, les Leiris s’installent au 2 rue Mignet dans le seizième arrondissement de Paris. Michel suit des cours de philosophie dans une école privée, « école Descartes ». Il repasse, le 28 octobre 1918, la deuxième partie du baccalauréat (philosophie) qu’il obtient « tant bien que mal » d'après ses dires.
L'âge d'homme ?
Dès 1919, Michel Leiris fait quelques tentatives pour avoir un travail dit stable. Après deux tentatives comme employé de commerce aux magasins Peter Robinson et chez le commissionnaire Max Rosambert, Leiris abandonne très rapidement. Durant l’automne 1920, il prépare l’examen d’entrée à l’Institut de chimie. Le 15 décembre 1921, Michel Leiris commence un service militaire, au fort d’Aubervilliers, puis à l’Institut Pasteur, où il termine ses deux ans de conscription. Il habite encore chez sa mère (rue Mignet), et prépare, seulement pour la forme, un certificat de chimie. Le 15 décembre 1923, libéré du service militaire, il met fin à ses études de chimie. Il dira lui-même : J’obéis à ma vocation - et renonçant aux vagues études que j’avais poursuivies jusqu’alors - je quittai le laboratoire où j’avais fini mon service [...], décidé à consacrer toute mon activité à la littérature .
Au mois d’octobre 1926, Michel Leiris est représentant en librairie, métier qui l’ennuie mais lui laisse le temps d’écrire. Il adhère au syndicat C.G.T. des V.R.P. (voyageurs représentants placiers). Il entre à Documents, revue fondée en 1929, par Georges Bataille,Georges Henri Rivière, Carl Einstein et financée par le marchand d’art Georges Wildenstein, le 3 juin 1929, comme secrétaire de rédaction, succédant à un poète, Georges Limbour, et précédant un ethnologue, Marcel Griaule (1898-1956), à son retour d’Éthiopie. Une rencontre décisive pour sa carrière d’ethnographe. À vingt-huit ans, c'est son premier emploi stable, où il reste salarié jusqu’à sa retraite, en 1971. De 1929 à 1935, il suit une psychanalyse sous la conduite d'Adrien Borel. Il ressent le besoin, pour la parachever, ou en constater l'échec, d'écrire une autobiographie : L'Âge d'Homme. Cette première œuvre est ensuite prolongée par les quatre tomes de La Règle du Jeu, rédigés de 1948 à 1976.
Avec l’appui de Georges Henri Rivière, sous-directeur du musée d’Ethnographie du Trocadéro depuis 1929, Leiris est officiellement recruté, en janvier 1931, par Marcel Griaule en tant qu’homme de lettres et étudiant en ethnologie faisant fonction de secrétaire archiviste de la Mission ethnographique la « Mission Dakar-Djibouti ». Il y participe de 1931 à 1933.
La mission comprend, en 1931, six personnes : Marcel Griaule (chef de la mission), Marcel Larget, un naturaliste, chargé de l’intendance et second de la mission, Leiris , Éric Lutten (enquêtes sur les technologies et prises de vue cinématographiques), Jean Mouchet (études linguistiques) et Jean Moufle (enquêtes ethnographiques). Plus tard, André Schaeffner (musicologue), Abel Faivre (géographe et naturaliste), Deborah Lifchitz (1907-1943), linguiste, et Gaston-Louis Roux, recruté sur la recommandation de Leiris comme « peintre officiel de la Mission » chargé d’étudier et collecter des peintures éthiopiennes anciennes et d’en exécuter des copies. À ces personnes, il est essentiel d'ajouter Abba Jérôme Gabra Mussié.
De retour à Paris, il a du mal à se réadapter, à la vie parisienne. Il habite, avec sa femme, encore chez sa mère, rue Wilhem.
Il se met à étudier l'ethnologie en suivant les cours de Marcel Mauss à l'Institut d'ethnologie, puis prend la responsabilité du Département d'Afrique noire du Musée d'ethnographie du Trocadéro (ancêtre du Musée de l'Homme). Il fait un trait, comme Paul Nizan (dans Aden Arabie), sur le voyage comme mode d'évasion, en signant L'Afrique fantôme : monumental journal de voyage dans lequel il détourne les techniques d'enquête et de retranscription ethnographiques pour les appliquer à la description du quotidien et des conditions de travail de l'équipe de chercheurs. La publication de ce texte dans la revue Le Minotaure provoque la rupture avec Marcel Griaule. Il se donne comme mission d'obtenir les diplômes qui légitimeront ses activités et qui le mettront sur la trajectoire de ce qu'il souhaite faire. Son mémoire sur la langue secrète des Dogons présenté à l’École pratique des Hautes Études est ajourné par Louis Massignon (1883-1962), qui lui reproche de procéder par « explosions successives de pensée » et non par enchaînements discursifs.
Il le présente en juin 1938. Entre temps, en janvier 1935, il commence à suivre les cours sur les religions primitives de Maurice Leenhardt à l’École pratique des hautes études et, à partir du mois de novembre, une licence de lettres à la Sorbonne. En 1936, il obtient son certificat d’histoire des religions (option religions primitives), mention bien, et le 21 novembre de la même année un certificat de sociologie. En juin 1937, il décroche son certificat d’ethnologie (options linguistique et Afrique Noire), mention bien, et le 21 d’octobre le diplôme d’amharique de l’École nationale des Langues orientales vivantes, mention bien. Au printemps de l’année 1938, désormais licencié ès lettres, Leiris est nommé directeur de service au Laboratoire d’ethnologie du Muséum national d’histoire naturelle.
Quelques résistances...
Au mois d’août 1940, le linguiste Boris Vildé (1908-1942), l’anthropologue Anatole Lewitsky (1901-1942) et la bibliothécaire Yvonne Oddon (1902-1982) créent le « secteur Vildé » du réseau de résistance dit « du musée de l’Homme ».
Leiris entretient des rapports cordiaux avec le groupe, sans en faire partie, notamment pour préserver la sécurité et les intérêts de Kahnweiler et de la galerie Simon (de Zette), mais Michel Leiris et son épouse abritent, sans aucune réserve, Deborah Lifchitz, juive d’origine polonaise, dans leur appartement de la rue Eugène-Poubelle. Cette collaboratrice de la mission Dakar - Djibouti, meurt à Auschwitz après son arrestation par la police française, le 21 février 1942. Leiris dédie à sa mémoire « La Langue secrète des Dogons de Sanga » à sa publication.
Sur dénonciation d’un employé du musée de l’Homme, la police perquisitionne au musée, et arrête de nombreux membres du personnel, ensuite relâchés. Le 23 février 1942, Boris Vildé et Anatole Lewitsky et cinq autres membres du réseau du musée de l’Homme sont fusillés au Mont-Valérien. Yvonne Oddon, condamnée à mort, est déportée en Allemagne, à Ravensbrück, et libérée en 1945. Le premier numéro de leur journal clandestin Résistance paraît le 15 décembre, ronéoté chez Paulhan.
Après la guerre, on continue
Après la libération, il se rapproche de l'existentialisme sartrien, et devient membre de l'équipe fondatrice de la revue Les Temps modernes. Il participe également, avec Alioune Diop, Aimé Césaire dont il devient l'ami et Georges Balandier, à la fondation de la revue Présence africaine en 1945. Il est nommé Satrape du Collège de 'Pataphysique en 1957. Il a écrit également des nouvelles et de nombreux poèmes. Parallèlement, il embrasse la profession d'ethnologue et en 1943 il est chargé de recherche CNRS au Musée de l'Homme (qui vient d'être fondé).
D'un tempérament mélancolique et angoissé, atteignant une profonde dépression, il tente en 1957 de se suicider, et reste 4 jours dans le coma.
À soixante ans
En 1960, Michel Leiris participe à la fondation et à la direction des Cahiers d’études africaines publiés par l’École pratique des hautes études (VIe section). En juillet de la même année, prenant position contre le colonialisme, il est notamment un des premiers signataires du Manifeste des 121 - Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie, et également membre du Mouvement de la paix publiée en septembre dans différents périodiques, qui furent saisis, vingt-neuf des signataires, dont Leiris, furent inculpés de provocation à l’insoumission et à la désertion.
Le 25 octobre 1960, année de l’accession à l’indépendance des colonies françaises d’Afrique noire et de Madagascar, une commission paritaire du C.N.R.S. se réunit en conseil de discipline pour examiner le cas des chercheurs signataires du « Manifeste des 121 ». Tentant de se défendre, Leiris affirme que sa vocation d’ethnologue le pousse à défendre les peuples qu’il étudie et dont il est « l’avocat désigné, celui qui plus que quiconque doit s’attacher à faire admettre leurs droits, sans excepter le droit de lutter à leur tour pour se constituer en nation ». Le 7 décembre, un blâme lui est infligé. En janvier 1961, quelques mois après la sanction concernant la signature du « Manifeste des 121 », il est promu maître de recherche au C.N.R.S. Jean Rouch conseille à Leiris en 1967 de postuler au grade de directeur de recherche au C.N.R.S (ce qui lui prolonge de trois ans sa carrière). Il est nommé directeur de recherche en janvier 1968.
Il préside avec Simone de Beauvoir, l’association des amis du journal maoïste La Cause du peuple. Il s’associe au mouvement de mai 1968. Avec Robert Jaulin et Jean Malaurie, il assure durant l'année 1969 la critique des théories d’ethnologie dans le cadre de l’enseignement « critique » et « polémique » donné à la Sorbonne, parallèlement aux cours officiels d’ethnologie. Il laisse, en plus de son œuvre autobiographique, d'importantes études de critique esthétique et d'ethnologie. Il a notamment travaillé sur la croyance en la possession - zar - dans le nord de l'Éthiopie, l'analysant dans une perspective proche du thème sartrien de la mauvaise foi existentielle et des travaux d'Alfred Métraux sur le culte vaudou.
En matière de critique d'art, l’un des observateurs les plus aigus, Leiris s'est principalement intéressé à la peinture moderne figurative. Il a consacré des articles et des essais aux grands peintres "réalistes" du 20e siècle : Pablo Picasso, Wifredo Lam ,André Masson, Alberto Giacometti ou Francis Bacon (dont on peut considérer qu’il était le « découvreur »),avec qui il partagera une amitié dès 1966.
En 1980, Leiris refuse le Grand prix national des lettres.
Dernières années
Son bureau au Musée de l’Homme lui est supprimé, au mois d’août 1984, une mesure rapportée fin septembre par l’assemblée des professeurs du Muséum national d’histoire naturelle, après les protestations et pétitions du personnel du musée. Au mois de janvier de l’année suivante Leiris fait don, au Musée de l’Homme, de ses archives relatives à l’ethnologie et à sa carrière d’ethnographe, archives aujourd'hui conservées (et numérisées) par la bibliothèque du Laboratoire d'anthropologie du Collège de France
Le 7 janvier 1988, un verrou est posé sur la porte de son bureau. Son bureau est cadenassé pour lui en empêcher l'accès et ses notes sont confisquées en 1987. Il n'y revient plus. Avec Jean Jamin, Leiris fonde en 1986 au musée de l'Homme la revue d'anthropologie Gradhiva, aujourd'hui publiée par le Musée du quai Branly, ainsi que la collection “Les cahiers de Gradhiva” publiée aux éditions Jean-Michel Place. Hospitalisé à l’hôpital américain de Neuilly (du 7 au 20 novembre 1989) à la suite d'une crise cardiaque, il décède le dimanche 30 septembre 1990, à 9 h 15 du matin, dans sa maison de Saint-Hilaire (Essonne). Incinéré au crématorium du Père-Lachaise, ses cendres furent placées dans le caveau où reposent Lucie (1882-1945) et son mari Daniel-Henry Kahnweiler (1884-1979), Jeanne Godon et Zette (Louise Alexandrine) Leiris (née Godon le 22 janvier 1902 à Paris).
Leiris a légué ses biens à Amnesty International, à la Fondation des Droits de l’Homme, au Mouvement contre le racisme et sa bibliothèque et ses manuscrits à la Bibliothèque Jacques Doucet. Une revue internationale consacrée exclusivement à Michel Leiris a été fondée en 2006. Plus ambitieuse et consistante qu’un simple bulletin de liaison, d’une périodicité biannuelle, les Cahiers Leiris consacrent chacune de leurs livraisons à la publication de textes et documents inédits.
Publications
* 1925 - Simulacre * 1927 - Le Point cardinal * 1934 - L'Afrique fantôme * 1938 - Miroir de la tauromachie (essai) * 1939 - L'Âge d'homme * 1943 - Haut Mal ( poèmes) * 1946 - Aurora * 1948 - Biffures (La Règle du jeu - I) * 1948 - La langue secrète des Dogons de Sanga * 1951 - " Race et Civilisation " * 1955 - Fourbis (La Règle du jeu - II) * 1955 - Contacts de civilisation en Martinique et en Guadeloupe * 1958 - La possession et ses aspects théatraux chez les Éthiopiens de Gondar * 1961 - Nuits sans nuit et quelques jours sans jour * 1964 - Grande fuite de neige * 1966 - Fibrilles (La Règle du Jeu - III) * 1966 - Brisées * 1967 - Afrique noire : la création plastique (en collaboration avec Jacqueline Delange) * 1969 - Cinq études d'ethnologie * 1969 - Mots sans Mémoire (compilation de textes poétiques) * 1971 - André Masson, "Massacres" et autres dessins * 1974 - Francis Bacon ou la vérité criante * 1976 - Frêle Bruit (La Règle du Jeu - IV) * 1978 - Alberto Giacometti * 1980 - Au verso des images * 1981 - Le ruban au cou d'Olympia * 1985 - Langage tangage * 1987 - Francis Bacon * 1988 - À cor et à cri * 1989 - Bacon le hors-la-loi * 1992 - Zébrage * 1992 - Journal 1922-1989 * 1992 - Operratiques * 1994 - Journal de Chine * 1994 - L'Homme sans honneur. Notes pour le sacré dans la vie quotidienne * 1996 - Miroir de l'Afrique (recueil posthume de ses principaux écrits d'ethnologie africaine)
* 2003 - La Règle du jeu (Bibliothèque de la Pléiade)
Bibliographie
* Stephan Moebius, Die Zauberlehrlinge. Soziologiegeschichte des Collège de sociologie, Konstanz, 2006
La mission Dakar-Djibouti
La mission Dakar-Djibouti est une célèbre expédition ethnographique qui a été menée en Afrique sous la direction de Marcel Griaule de 1931 à 1933, à laquelle ont également participé Michel Leiris et Gaston-Louis Roux. Il s'agissait pour une équipe composée de linguistes, d'ethnographes, d'un musicologue, d'un peintre et d'un naturaliste, de traverser le continent d'ouest en est, du Sénégal à l'Éthiopie, afin de collecter un maximum de données ethnographiques. On compte ainsi près de 3 000 objets rapportés et déposés au musée d'Ethnographie du Trocadéro, ainsi que 6 000 photographies, 1 600 mètres de films et 1 500 fiches manuscrites.
Ce projet scientifique commandé par l'État français eut également des visées politiques et économiques : asseoir la position française en Afrique, et s'opposer de cette façon à l'influence grandissante de la couronne britannique sur ce continent.
Plusieurs expéditions de Griaule ont ensuite suivies celles-ci : la mission Sahara-Soudan (1935), puis la mission Sahara-Cameroun (1936-1937) et enfin la mission Niger-Lac Iro (1938-1939).
Les étapes de l'expédition [modifier]
* 1931 - Départ : Dakar (Sénégal) * Les Dogons de la falaise de Bandiagara au Soudan français (Mali) : Étape la plus célèbre, puisque Marcel Griaule en a fait par la suite son terrain d'étude privilégié. Revenu à trois reprises sur les lieux, il a entrepris de constituer un corpus de connaissance aussi complet que possible sur cette culture. * 1933 - Arrivée : Djibouti (République de Djibouti)
Bibliographie
Ouvrages :
* (fr) LEIRIS M., 1934, L'Afrique fantôme, Paris, Gallimard. * (fr) GRIAULE M., 1932, « Mission Dakar-Djibouti (loi du 31 mars 1931). Rapport général (juin à novembre 1932) », Journal de la Société des Africanistes, 2.
Revues et périodiques :
* 1931, « La mission Dakar-Djibouti dans son rapport avec les études ethnologiques et archéologiques », Revue de synthèse (Paris), vol. I (3), déc., p. 327-332. * 1934, « La Mission Ethnographique Dakar-Djibouti 1931-1933 », numéro spécial des Cahiers éthnologiques, Bordeaux, nouvelle série.
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Georges-Henri Rivière (5 juin 1897, Paris - 24 mars 1985, Louveciennes est le fondateur du Musée des arts et traditions populaires à Paris. Surnommé le magicien des vitrines, il a joué un rôle important dans la nouvelle vague muséographique, et dans le développement des musées d'ethnographie à l'échelle mondiale, au sein de l'International council of museums.
Né le 5 juin 1897, à Paris, étudie la musique jusqu'en 1925, prend le goût des musées en suivant, de 1925 à 1928, les cours de l'école du Louvre puis devient conservateur de la collection David Weill. Il réorganise le musée d'Ethnographie du Trocadéro, qui deviendra le Musée de l'Homme. Sous la direction de Paul Rivet, il y présente quelque 70 expositions de 1928 à 1937.
De 1937 à 1967, il invente, conçoit et réalise le Musée des arts et traditions populaires qu'il parvient à installer sur son site actuel, en bordure du bois de Boulogne. Il y développera une muséographie révolutionnaire et en assurera le couronnement scientifique par la création du Centre d'Ethnologie Française. Grand découvreur de talents, meneur d'hommes, il joue un rôle essentiel dans la fondation de l'ICOM (Conseil International des musées) et dans l'invention du concept d'écomusée. Environnement, pluridisciplinarité, furent ses idées maîtresses sur lesquelles furent fondées, entre autres, les Recherches Coopératives sur Programme d'Aubrac et du Châtillonnais dans les années 1960. Même à la fin de sa vie, il ne cessera de conseiller, d'innover et de dynamiser ceux qui poursuivaient son œuvre.
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Germaine Dieterlen, née à Valleraugue (Gard) en 1903 et morte à Paris le 13 novembre 1999, est une ethnologue française.
Ancienne élève de Marcel Mauss, elle a travaillé au sein des ethnies Dogon et Bambara avec, entre autres, Marcel Griaule, Jean Rouch, Solange de Ganay et Denise Paulme. Elle débuta ses recherches au Mali en 1937 où elle poursuivit les travaux entamés par le répérage de la mission Dakar-Djibouti (voir Dakar et Djibouti) de Griaule et consorts. Elle a été Directeur d'Etudes à l'École pratique des hautes études EPHE (Sorbonne) avec charge d'enseignement.
De 1956 à 1975 elle succède à Marcel Griaule comme secrétaire générale de la Société des africanistes. En 1962 elle fait partie de l'équipe du CNRS RCP n°11 Objet et méthodes d'une ethnosociologie comparée de l'Afrique noire. Fin 1968, la RCP 11 évolue, sous la direction de Germaine Dieterlen, pour devenir le Groupe de Recherche 11, sous le nom de Étude des phénomènes religieux en Afrique occidentale et équatoriale.
En octobre 1971 elle préside le colloque La notion de personne en Afrique noire dont les actes du même nom paraîtront en 1973. En 1974 le GR 11 du CNRS devint le LA221 Système de Pensée en Afrique Noire aux activités duquel Germaine Dieterlen participait activement. En 1978 paraît un ouvrage collectif d'hommage qui lui est dédié Systèmes de signes avec des contributions de Claude Lévi-Strauss et Meyer Fortes. Elle est présidente du Comité du film ethnographique, qui siège au Musée de l'Homme, depuis 1966 jusqu'à sa mort.
Elle est une référence majeure, tels que Marcel Griaule et Jean Rouch, dans le terrain de l'anthropologie visuelle. À la demande de Jean Rouch, des funérailles Dogon ont été célébrées pour elle au Mali dans la falaise de Bandiagara (voir Bandiagara), en 2004.
Bibliographie sommaire
* Renard Pâle. Ethnologie des Dogon. Institut Français d'Ethnologie. Marcel Griaule (posthume) et Germaine Dieterlen. 1965 531 pp. * Essai sur la religion bambara. Ed. de l'Université de Bruxelles, 264 pp 1996 (2° ed) * Les Dogon: Notion de personne et mythe de la création. L'Harmattan 115 pp * Textes sacrés d'Afrique noire. Germaine Dieterlen, Collectif, et Amadou Hampâté Ba. 306 pp. * Le titre d'honneur des Arou (Dogon, Mali). Paris 1982, 215 p
Filmographie
Films sur les rituels des Dogons au Mali (Cérémonies du Sigui) (co-réalisation avec Jean Rouch)
* 1967 : L'enclume du Yougo (38 mn). Début des fêtes du Sigui. Les hommes rasés et vêtus du costume rituel du Sigui entrent sur la place publique en dansant la danse du serpent. Ils honorent les terrasses des grands morts des 60 dernières années. * 1968 : Les danseurs de Tyogou (27 mn). Deuxième année du Sigui. Les hommes préparent les parures du Sigui avant de partir en procession vers les sites des anciens villages et revenir danser sur la place publique. Le lendemain la caverne des masques est préparée pour recevoir le grand masque à la fin des cérémonies. * 1969 : La caverne de Bongo (40 mn). Troisième année du Sigui. Les dignitaires achèvent leur retraite dans la caverne du Bongo. Autour du vieil Anaï qui voit son troisième Sigui (il a donc plus de 120 ans) les hommes se préparent avant d'aller faire le tour du champ de lignage et boire la bière communielle. * 1970 : Les clameurs d'Amani (35 mn). Quatrième année du Sigui. Interrogé par le chef de Bongo, le « renard pâle » donne la route du Sigui d'Amani. Précédé par les anciens, les hommes du Sigui commencent un itinéraire sinueux avant d'entrer sur la place rituelle. * 1974 : L'auvent de la circoncision (18 mn). Septième et dernière année des cérémonies soixantenaires du Sigui. Les trois dignitaires de Yamé sont partis à Songo visiter, dans les falaises, les auvents des cavernes dont les parois sont couvertes de peintures consacrées au Sigui.
Autres
* 1983 Sur les traces du Renard Pâle. avec Jean Rouch et Luc de Heusch
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Jean Rouch (né le 31 mai 1917 à Paris et décédé le 18 février 2004 au Niger) réalisateur de cinéma et ethnologue français, reste célèbre pour la pratique du cinéma direct et pour ses films ethnographiques sur des peuples africains tels que les Dogons et leurs coutumes. Il est considéré comme le créateur d’un sous-genre de la docufiction : l’ethnofiction (voir : sources en anglais).
Biographie
Jean Rouch est le fils de Jules Rouch, météorologue, explorateur et directeur du Musée océanographique de Monaco, qui, sur le bateau Pourquoi-Pas ? a participé avec Jean-Baptiste Charcot à l’une des expéditions polaires françaises en Antarctique de 1908 à 1910. C'est à son retour en France qu'il rencontre sa future femme.
Jean Rouch fut l’élève de Marcel Mauss et de Marcel Griaule, qui documentait ses recherches ethnographiques avec des films. Suivant ces influences, c'est en tant qu'ingénieur des Ponts-et-Chaussées qu'il découvre l'Afrique en 1941. Il est alors responsable d'un chantier au Niger. C'est de cette époque que date sa passion pour le continent africain. Néanmoins, il rentre vite en France où il s'engage dans la résistance.
Après un bref passage comme journaliste à l'Agence France-Presse (AFP), il revient en Afrique où il devient un ethnologue réputé. En 1953, chargé de recherches au CNRS, il crée le Comité du film ethnographique, qui siège au Musée de l'Homme, avec Enrico Fulchignoni, Marcel Griaule, André Leroi-Gourhan, Henri Langlois et Claude Lévi-Strauss. Tout au long de sa carrière, il s'est attaché à rapporter la vie de ce continent à l'aide de sa caméra. Au cours de ses cinquante années de carrière, il réalise près de cent vingt films. Il fit de nombreux films sur les Dogons, certains en co-réalisation avec Germaine Dieterlen.
En 1978, les autorités de la jeune république mozambicaine demandent à des cinéastes connus de filmer les mutations du pays. Jean Rouch propose de former de futurs cinéastes sur place. Jean Rouch et Jacques d’Arthuys, attaché culturel de l’Ambassade de France, constituent alors un atelier de formation au cinéma documentaire à la pédagogie simple : l’enseignement par la pratique (« on tourne le matin, on développe à midi, on monte l’après-midi et on projette le soir »). Après cette expérience, seront créés en 1981, les Ateliers Varan à Paris.
Jean Rouch était une constante référence pour les réalisateurs de la Nouvelle Vague et aussi une personne réputée par son agilité intellectuelle et par son don de la parole. Président de la Cinémathèque française pendant cinq ans (entre 1986 et 1991), il est en 1993 le lauréat du Prix international de la paix. Jean Rouch est un personnage-clé de l'anthropologie visuelle.
Jean Rouch est mort en février 2004 lors d'un accident de voiture survenu au Niger, à 16 kilomètres de la ville de Birnin N'Konni dans le centre du pays. Il possédait une maison en Normandie, à Marcilly-sur-Eure, qu'il avait laissée à l'abandon depuis les années 1970 pour s'installer définitivement en Afrique. Cette maison à l'abandon contient toujours des milliers de livres accumulés là par Jean Rouch et sa femme, Jane Rouch, elle aussi ethnologue, avant leur départ.
Principaux longs-métrages
* 1952 : Bataille sur le grand fleuve [archive] * 1954 : Jaguar finalisé en 1967 * 1955 : Les Fils de l'eau * 1958 : Moi un noir, prix Louis-Delluc 1958 * 1961 : La Pyramide humaine [archive] * 1961 : Chronique d'un été, co-réalisé par Edgar Morin. Prix de la Critique au Festival de Cannes de 1961. * 1965 : La Chasse au lion à l'arc [archive] . Lion d'or au Festival de Venise, 1965. * 1967 - 1974 : Les Fêtes du Sigui (voir Cérémonies du Sigui) * 1970 : Petit à petit * 1974 : Cocorico Monsieur Poulet * 1979 : Bougo, les funérailles du vieil Anaï * 2003 : Le Rêve plus fort que la mort [archive] - (co-réalisé avec Bernard Surugue).
Courts et moyens-métrages (liste partielle)
Quelques films représentatifs
* 1948 : Les Magiciens de Wanzerbe. Rites des magiciens Songhay au Niger. * 1949 : Circoncision. Rite de circoncision des enfants de Hombori, un village du Mali. * 1949 : Initiation à la danse des possédés. Une femme Songhai de l’archipel de Tillaberi est initiée. Prix du meilleur film non commercial au Festival du Film maudit à Biarritz, organisé par le ciné-club Objectif 49 (dont le Président est Jean Cocteau) et la Cinémathèque d'Henri Langlois. * 1954 : Les Maîtres fous [archive] (36 mn et d’autres versions). Grand Prix de la Biennale internationale du cinéma de Venise - Film Ethnographique, Mostra, 1957. Rituel « sauvage » d’un groupe d’Africains, une secte religieuse d’ouvriers d’Accra, au Ghana, qui sont possédés par l’esprit des Haukas, « les maîtres fous », dans une mise en scène où ils jouent des personnages associés au pouvoir colonial. * 1962 : Abidjan, port de pêche (24 mn). À Abidjan, pêcheurs et armateurs exposent leurs problèmes, difficultés et espoirs. * 1963 Rose et Landry, co-réalise avec Michel Brault - Prix San Giorgio de la Biennale internationale du Cinéma de Venise. Les relations entre les générations, amours et mariages, émancipation des femmes et exode vers l’Europe des élites africaines. * 1962 : Les Veuves de quinze ans (25 mn - c.m pour la série Les adolescentes [archive]). Les yéyés françaises. Jean Rouch observe le comportement de deux adolescentes de la société yéyé parisienne, dont nous suivons les aventures. L’une est sérieuse, l’autre pas. * 1964 : La Gare du nord. Court-métrage de fiction en plan-séquence d’environ 16 mn, faisant partie du film Paris vu par… : Jean Rouch, Jean-Daniel Pollet, Jean Douchet, Eric Rohmer, Claude Chabrol et Jean-Luc Godard * 1987 : Brise-glace [archive].
Films sur les rituels des Dogons au Mali (Cérémonies du Sigui)
(co-réalisation avec Germaine Dieterlen)
* 1967 : L'Enclume du Yougo (38 mn). Début des fêtes du Sigui. Les hommes rasés et vêtus du costume rituel du Sigui entrent sur la place publique en dansant la danse du serpent. Ils honorent les terrasses des grands morts des 60 dernières années. * 1968 : Les Danseurs de Tyogou (27 mn). Deuxième année du Sigui. Les hommes préparent les parures du Sigui avant de partir en procession vers les sites des anciens villages et revenir danser sur la place publique. Le lendemain la caverne des masques est préparée pour recevoir le grand masque à la fin des cérémonies. * 1969 : La Caverne de Bongo (40 mn). Troisième année du Sigui. Les dignitaires achèvent leur retraite dans la caverne du Bongo. Autour du vieil Anaï qui voit son troisième Sigui (il a donc plus de 120 ans) les hommes se préparent avant d'aller faire le tour du champ de lignage et boire la bière communielle. * 1970 : Les Clameurs d'Amani (35 mn). Quatrième année du Sigui. Interrogé par le chef de Bongo, le « renard pâle » donne la route du Sigui d'Amani. Précédé par les anciens, les hommes du Sigui commencent un itinéraire sinueux avant d'entrer sur la place rituelle. * 1974 : L'Auvent de la circoncision (18 mn). Septième et dernière année des cérémonies soixantenaires du Sigui. Les trois dignitaires de Yamé sont partis à Songo visiter, dans les falaises, les auvents des cavernes dont les parois sont couvertes de peintures consacrées au Sigui.
Documentariste
* 1961 : Le Niger, jeune république de Claude Jutra au Québec
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Pietro Paolo Savorgnan di Brazzà ou Pierre Paul François Camille Savorgnan de Brazza en français, né à Castel Gandolfo le 26 janvier 1852 et mort à Dakar le 14 septembre 1905, est un explorateur italien naturalisé français. Il explora la rive droite du fleuve Congo ouvrant la voie à la colonisation française en Afrique équatoriale. Sa bonhommie, son charme, son approche pacifique des Africains faisaient de Brazza une figure d’exception parmi ses contemporains qui exploraient l’Afrique au nom des grandes puissances occidentales.
Un explorateur pacifique et altruiste
Élevé à Rome, sous le nom de « Pietro Paolo Savorgnan di Brazzà », le futur explorateur est le septième fils des douze enfants du comte Ascanio Savorgnan di Brazzà, un noble d’Udine. Cet homme cultivé et voyageur avait de nombreux amis français, dont le prestigieux amiral Louis de Montaignac. Avec son soutien et celui de son précepteur, Pietro vient à Paris et suit les cours du collège Sainte-Geneviève pour préparer le concours d’entrée à l’École navale de Brest. Il y rentre à 17 ans, en ressort enseigne de vaisseau et embarque sur la Jeanne d’Arc pour l’Algérie. Là-bas, il est horrifié par la violence de la répression de la révolte kabyle par les troupes françaises. La guerre de 1870 est alors déclarée : il veut être affecté dans une unité combattante. Il en profite pour demander la naturalisation française et se retrouve sur le cuirassé la Revanche, dans l’une des escadres de la mer du Nord.
Avec l’avènement de la IIIe République, sa deuxième affectation est la frégate Vénus, qui faisait régulièrement escale au Gabon. En 1874, Brazza remonte deux fois le fleuve Gabon et l’Ogooué. Il propose ensuite au gouvernement d’explorer l’Ogooué jusqu’à sa source, afin de démontrer que ce fleuve et le Congo ne font qu’un. Avec l’aide d’amis bien placés, comme Jules Ferry et Léon Gambetta, il obtient des subsides, qu’il n’hésite pas à compléter avec ses propres ressources (selon les documents, la famille de Brazza a contribué aux deux premières expéditions de l'explorateur avec une somme de 1 million de Francs, et le gouvernement français n'a donné que 200 000 francs). À la même époque il est naturalisé français et adopte la francisation de son nom. Il doit cependant revenir quelques mois à Paris pour passer son diplôme de capitaine au long cours, afin de demeurer dans la Navale et de poursuivre son dessein.
Pour cette expédition qui dure de 1875 à 1878, il se munit de toiles de coton et d’outils pour le troc. Il est seulement accompagné d’un docteur, d’un naturaliste et d’une douzaine de fantassins sénégalais. Brazza s’enfonce dans l’intérieur des terres, et réussit à entretenir de bonnes relations avec la population locale, grâce à son charme et son bagout. Son expédition est toutefois un échec sur le plan scientifique, car les deux fleuves sont bien différents. En tout état de cause, le 11 août 1878, Brazza et ses compagnons d’exploration, fatigués et malades, décident de faire demi-tour.
À la même époque, un journaliste du New York Herald, Henry Stanley, a descendu le fleuve Congo. En 1879, le roi des Belges, Léopold II, voulant tirer parti de la situation pour les intérêts de son pays, missionne le journaliste pour la construction d’une ligne de chemin de fer.
Fondation de la future Brazzaville
Sous l’impulsion du ministre de l’Instruction publique Jules Ferry, le gouvernement français autorise alors une deuxième mission, 1879-1882 en collaboration avec Antoine Mizon pour faire pièce aux visées coloniales belges sur le continent africain. Financée par la Société française de géographie ainsi que par les ministères de la Marine, des Affaires étrangères et de l’Instruction publique, la deuxième mission est nettement plus fructueuse. Parti le 27 décembre 1879, Brazza atteint le fleuve Congo en 1880. Il propose à Illoy Ier, Makoko de Mbe, roi des Tékés, de placer son royaume sous la protection de la France. Le Makoko, poussé par des intérêts commerciaux et par la possibilité d’affaiblir ses rivaux, signe le traité, permettant aussi un établissement français à Nkuna sur le Congo, endroit appelé plus tard Brazzaville. En tentant de rallier l’océan depuis Franceville, Brazza tombe par hasard sur le but premier de ses recherches : les sources de Ogooué.
De retour en France, il popularise ses découvertes grâces à de multiples réunions publiques et articles de presse. Le 30 novembre 1882, la loi ratifiant le traité d’amitié, signé entre Illoy Ier et Brazza, est promulguée. Les régions découvertes sont de fait placées sous protectorat français. Un mois plus tard, de nouveaux crédits sont votés pour une troisième expédition. En novembre 1885, il est nommé commissaire général du Congo français. Des journalistes font état des salaires décents et des conditions humaines qui contrastaient avec le régime personnel de Léopold II sur l’autre rive du Congo. Mais son succès lui procure aussi des inimitiés et il est soumis à une intense campagne de dénigrement.
Naissance d’une légende
Le 12 août 1895, Pierre de Brazza épouse Thérèse Pineton de Chambrun, fille de Charles-Antoine de Chambrun et de Marie-Henriette Tircuy de Corcelle, et descendante de La Fayette. Le mariage est célébré dans la chapelle privée de l’hôtel du comte de Chambrun, rue Monsieur à Paris. Le couple aura quatre enfants : Jacques, né en 1899 et décédé quatre ans plus tard d’une crise d’appendicite, Antoine, Charles et Marthe[1]
En 1897, Brazza s’oppose à la décision du ministre des Colonies, André Lebon, de soumettre les territoires qu’il a gagnés à la France au régime de la concession, déjà en vigueur au Congo belge, et qui livrerait les populations à la cupidité des sociétés capitalistes privées chargées de « mettre en valeur » ce territoire de 650 000 km² composé du Gabon, du Congo et de l’Oubangui-Chari.
En janvier 1898, Brazza est écarté et placé « dans la situation de mise en disponibilité » Marchand et ses officiers (Baratier, Largeau fils, futur fondateur du Tchad, etc.) l’ont déclaré responsable du retard de la mission Congo-Nil. Marchand décrit la colonie du Congo français géré par Brazza comme un « marécage puant » dirigé par des « gloires en baudruche ». Selon les documents, Brazza s’oppose à l’expédition Marchand à cause de la présence d’un grand nombre de soldats, ce qui témoignait de l’esprit de soumission des populations qui inspirait cette entreprise. Brazza lui-même avait proposé depuis 6 années d’organiser une expédition sur le même parcours pour ouvrir une voie de connexion entre le Congo et l’Afrique du nord. L’expédition Marchand ne s’arrêtait pas devant l’opposition de Brazza, et terminait avec le honteux épisode de Fachoda, qui a sérieusement affaibli la réputation internationale de la France et sa position stratégique en Afrique.
Jean Victor Largeau, explorateur du Sahara et du Congo et administrateur de Loango et dépendances sous les ordres de Brazza, dans ses correspondances fit un portrait peu flatteur de Brazza, le surnommant « farniente » compte tenu de sa propension à circuler en hamac porté par des noirs et de son absence de décision. {{Guil|Le désordre que l’on remarque autour de lui, le débraillé de sa tenue, sont les répercussions de son état intellectuel, il n’a aucun plan arrêté, change d’idées 20 fois par jour et le moment d’agir venu, il cède à l’impulsion de ce moment-là « . Le même désordre règne dans toutes les branches du service: le gaspillage est épouvantable: on va de l’avant parce que le ministère l’exige, mais sans rien organiser... » (lettre du 5 novembre 1891 à son fils ). De l’autre côté, Brazza accuse Largeau d’être corrompu par les agents commerciaux désireux de mettre en place un régime d’exploitation sans se préoccuper des droits des indigènes. Selon les documents, le manque d’organisation de la colonie était dû en partie au budget très limité. A cette époque, l’Etat français se trouvait dans de sérieuses difficultés économiques dues aux indemnités que la France devait payer à l’Allemagne après la désastreuse guerre de 1870.
Brazza est forcé de se retirer à Alger. Le territoire de l’Afrique Equatoriale française est subdivisé entre environ 40 compagnies concessionnaires. Les sociétés qui se partagent l’exploitation de ces pays déciment les populations, soumises aux violences et aux brutalités: portage, travaux forcés, réquisitions et répression de toute tentative de résistance.
En 1905, à la suite du scandale de l’affaire Toqué-Gaud (voir ci-dessous), on lui demande d’inspecter les conditions de vie dans les colonies, conditions qui s’étaient détériorées pendant son absence. Mais sa santé se détériore. Au retour de sa mission, atteint de fortes fièvres, il est contraint de débarquer à Dakar. Le 14 septembre 1905, veillé par sa femme et le capitaine Mangin, il décède à six heures du soir. La photo de Jacques, son enfant de cinq ans, disparu deux ans auparavant, a été placée à sa demande sur sa table de nuit.
Le bruit court qu’il a été empoisonné. Quant à l’Assemblée nationale, elle s’empresse de mettre son embarrassant rapport sous l’éteignoir. Son corps est d’abord réclamé par le gouvernement français. La Troisième République cherche en effet ses nouveaux héros. Brazza, officier de marine aristocrate, élégant, héroïque, révolté par l’esclavagisme, apôtre de la paix, et surtout désintéressé, a un profil parfait à tous ces égards. On pense donc pour lui au Panthéon et à la récupération de sa gloire intacte. Mais Thérèse refuse l’honneur, et sa famille obtient qu’il soit finalement inhumé à Alger, en terre africaine. Sur sa tombe, l’épitaphe, rédigée par son ami Charles de Chavannes, indique que « Sa mémoire est pure de sang humain. Il succomba le 14 septembre 1905 au cours d’une dernière mission entreprise pour sauvegarder les droits des indigènes et l’honneur de la nation ».
Brazza versus Stanley
Partisan des palabres, farouchement opposé à la violence, il garde comme modèle Livingstone et s’oppose en cela à Stanley, surnommé « Boula Matari » (« briseur de roches »), qui s’est vanté d’avoir livré 32 combats. D’abord peu méfiant, voire admiratif à son égard, Stanley s’apercevra trop tard qu’il a été roulé dans la farine par le Français, qui ne l’informe pas du traité qu’il a signé avec le Makoko. La réputation de Stanley en souffrira durablement, en France, où il sera vertement critiqué, et en Angleterre, où l’on narguera sa naïveté. Un an après la signature du traité entre Brazza et le Makoko, le roi téké des tribus de la rive gauche, Ngaliema, signe le « traité de l’amitié » avec Stanley, ne se considérant plus soumis au Makoko de Mbé. Il place ainsi la rive droite du fleuve sous la protection de l’Association internationale africaine.
L’affaire Toqué-Gaud
Le 14 juillet 1903, à Fort Crampel, en Oubangui-Chari, un administrateur des colonies, George Toqué, et un commis des affaires indigènes, Fernand Gaud, décident de faire exécuter Pakpa, ancien guide, en lui attachant une dynamite autour du cou. Au procès, les accusés rappellent qu’ils ont déclaré avant cette action épouvantable : « Ça a l’air idiot ; mais ça médusera les indigènes. Si après ça ils ne se tiennent pas tranquilles ! ». Gaud dira à son procès qu’il voulait faire constater autour de lui l’étrangeté de cette mort : « Ni trace de coup de fusil, ni trace de coup de sagaie : c’est par une sorte de miracle qu’est mort celui qui n’avait pas voulu faire amitié avec les Blancs. » (propos rapportés par Félicien Challaye, qui accompagna Brazza dans sa mission d’inspection). Ils sont condamnés à des peines légères (à cinq ans de réclusion), mais le scandale est tel qu’il conduit au lancement d’une enquête administrative, enquête dont sera chargé Brazza, et qui sera à l’origine de son dernier voyage au Congo.
Transfert des cendres de l’explorateur
Un peu plus de cent ans après son décès, les cendres de l’explorateur français, de son épouse et de leurs quatre enfants, ont été exhumés, le 1er octobre 2006, du cimetière chrétien des Brus, dans le quartier d’El Madania sur les hauteurs d’Alger, où il reposait depuis 1905, pour être transférées vers Brazzaville.
Trois membres de la famille de l’explorateur, Niccolò di Brazzà, Roberto Pirzio-Biroli et Pietro di Serego Alighieri, ainsi qu’un membre de la famille de sa femme, Pierre-Antoine de Chambrun, assistaient à l’exhumation des corps.
L’ambassadeur du Congo, Jean-Baptiste Dzangue, et le consul de France en Algérie, Francis Heude, les ambassadeurs de France, Hubert Colin de Verdière, du Sénégal Saïdou Nourou Ba, d’Italie, Battista Verderame, et un représentant du ministère algérien des Affaires étrangères, étaient également présents. Le cercueil de Savorgnan de Brazza était recouvert du drapeau français.
Les restes ont ensuite été embarqués à bord d’un avion cargo spécialement affrété par le Congo, à destination de Franceville puis de Brazzaville, où ils ont été réinhumés le 3 octobre 2006, en présence des présidents congolais, Denis Sassou Nguesso, centrafricain, François Bozizé, et gabonais, Omar Bongo Ondimba, du ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, et du successeur du roi Makoko Ilo qui avait signé le traité avec Brazza, Auguste Nguempio, accompagné par la cour royale. Les représentants des Teké ont été invités à la cérémonie à la demande de la plupart des descendants de l’explorateur, qui sont liés aux Teké par un lien de sang.
Le caveau familial de Savorgnan de Brazza à Alger, monument le plus élevé du cimetière, était surmonté d’un buste de bronze de l’explorateur. Situé près de la Mairie Centrale, le mausolée qui a reçu ses cendres à Brazzaville n’est pas moins imposant. Constitué d’une coupole en acier et verre, recouvert de 500 tonnes de marbre blanc de Carrare, il est décoré à l’intérieur par une grande fresque représentant les grands moments de la vie de l’explorateur, réalisée par des artistes de l’école de peinture de Poto-Poto. Le buste de bronze d’Alger, restauré, va accompagner les restes de Brazza dans son nouveau mausolée.
Bientôt, débuteront une nouvelle tranche de travaux et la construction d’un musée, d’un centre de conférences et d’une bibliothèque axés sur les explorations de Savorgnan de Brazza.
Des polémiques se sont développées en Congo, notamment, à l’occasion de ce transfert. Lors d’un colloque à Franceville, organisé par la fondation Savorgnan de Brazza, des universitaires gabonais et congolais se sont notamment insurgés de ce que « des colonisés puissent faire l’apologie du colonisateur ». Selon l’historien gabonais Anges Ratanga Atoz, « De Brazza n’était rien d’autre qu’un agent de l’impérialisme colonial, mais il n’était pas aussi brutal que les autres ». Le coût du monument (plus de 5 millions d’euros), financé par le gouvernement congolais et par certaines compagnies françaises, a également été critiqué. La plupart des descendants de l’explorateur ont manifesté des réserves sur le déroulement du transfert des restes de Brazza dans le mausolée. Ces descendants ont demandé et obtenu d’ouvrir un dialogue avec les autorités congolaises: le Président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, a signé un accord qui prévoit la restructuration du Lycée Savorgnan de Brazza, qui était connu comme un des plus prestigieux Lycées d’Afrique, la présence du roi Makoko et des représentants du peuple Teké à la cérémonie d’inauguration du mausolée et l’amélioration des conditions de vie de la population de Mbé, capitale du royaume Teké. Après plus d’un an, les descendants attendent la réalisation des engagements.
Honneurs
* Un aviso colonial français des FNFL porta son nom, le Savorgnan-de-Brazza. * Brazzaville, capitale de la République du Congo, a été nommé ainsi en l’honneur de Pierre Savorgnan de Brazza. * À Brazzaville, outre le mausolée de Brazza, s’élève, depuis 1944, un phare Commémoratif dominant largement le fleuve du haut du promontoire de Bacongo face à la Case de Gaulle. On y lit « A Savorgnan de Brazza et ses compagnons ». Les bas-reliefs en terre cuite de Barroux vandalisés dans les années 1960. Roger Erell architecte. Le phare a été inauguré par la fille de Brazza, Marthe de Brazza, en 1952. * À Paris, seule une petite rue de 95 m de long, reliant le Champ de Mars à l’avenue de la Bourdonnais, rappelle le souvenir de l’explorateur. * En 2007 le nom de Pierre Savargnan de Brazza a été donné à l’aéroport international de Ronchi dei Legionari (GO)-Italie
Bibliographie
* Jean Martin, Savorgnan de Brazza, une épopée aux rives du Congo, 2006 * Marthe de Brazza, P. Savorgnan de Brazza, Éditions « Je sers », Paris, 1943 * (en) Maria Petringa, Brazza, A Life for Africa, 2006 (ISBN 9781-4259-11980) * (en) Thomas Pakenham, The Scramble for Africa, 1991 * (en) Richard West, Brazza of the Congo, 1972 * Emanuela Ortis Alessandrini, « Pierre Savorgnan de Brazza :héros du Frioul », Radici, no 9, 2003 * Dimitri Casali et Liesel Schiffer Ces immigrés qui ont fait la France, éd. Aubanel, Paris, 2007, 223 p. (ISBN 270060511X et ISBN 978-2700605112) Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Pierre Savorgnan de Brazza.
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* (fr) Biographie de Pierre Savorgnan De Brazza [archive], la Conscience. * (fr) Pierre Savorgnan de Brazza [archive], célébration nationale du centenaire de sa mort sur le site celebrations.culture.fr, Mission de la recherche et de la technologie, 2005 * (en) Brief life of Pierre Savorgnan de Brazza [archive] * (fr) Fondation Savorgnan de Brazza [archive] * (fr) Brazza ou l'épopée du Congo de Léon Poirier [archive]
* Portail de l’histoire
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Sir Henry Morton Stanley (né John Rowlands) est un journaliste britannique né le 28 janvier 1841 à Dinbych dans le Denbighshire et mort le 10 mai 1904.
Son père était fermier et s'appelait John Rowlands. Tôt orphelin, il embarque, à l'âge de 15 ans, comme mousse pour l'Amérique. Il débarque à La Nouvelle-Orléans et est adopté par un riche négociant nommé Stanley, qui lui donne son patronyme. Il participe ensuite à la guerre de Sécession comme soldat sudiste avant de devenir le correspondant de divers journaux en Asie mineure et en Abyssinie (Éthiopie). Henry Morton Stanley
Comment j'ai retrouvé Livingstone
Sa réputation grandit et, en 1869, le rédacteur en chef du New York Herald l'envoie à nouveau en Afrique équatoriale, avec pour mission de retrouver David Livingstone, parti à la recherche de la source du Nil et porté disparu, afin de réaliser un formidable scoop ! Il lui faudra de longs mois pour découvrir le célèbre explorateur. Il y parviendra le 10 novembre 1871. Livingstone bloqué à Ujiji sur les rives du lac Tanganyika, en Tanzanie, est malade et à court de vivres. Plus tard, Stanley publiera le récit de cette aventure qu'il intitulera : Comment j'ai retrouvé Livingstone ; ce sera un best-seller. On retient souvent l'anecdote selon laquelle il se serait adressé à Livingstone en ces termes empreints d'une politesse de salon très « british » :
À travers le continent mystérieux
Après cette expédition couronnée de succès, Stanley poursuit ses explorations de l'Afrique équatoriale qu'il traverse d'est en ouest en partant de Zanzibar en 1874. L’expédition, financée par le Daily Telegraph et le New York Herald compte plus de 230 personnes, porteurs et soldats, au départ de Bagamoyo qu'elle quitte le 17 novembre. Stanley devra recruter d’autres compagnons en cours de route. Il gagne le lac Victoria par l'itinéraire de Speke, et effectue la circumnavigation du lac. Il visite le Buganda. Il découvre le lac Albert en janvier 1876 et explore la totalité des rives du lac Tanganyika du 11 juin au 31 juillet.
Stanley rencontre Tippo Tip à Kasongo. Ensemble, ils montent une expédition forte de 400 hommes pour explorer l'ouest. Ils quittent Nyangwe le 5 novembre et pénètrent dans la forêt équatoriale. Après 50 jours, Tippo Tip renonce, mais Stanley continue vers l'ouest. Pour traverser les régions, comme le bassin du Congo, où les échanges sont organisés selon les règles strictes du commerce par relais, Stanley doit forcer le passage à plusieurs reprises. Le 20 décembre, 150 personnes réparties sur 23 bateaux entament la descente du fleuve. Le 6 janvier 1877, ils sont bloqués par les chutes Boyoma, qu'ils mettent 20 jours à éviter. Le 1er février, au confluent avec l'Aruwimi, ils combattent contre les Basoko. Le 14 février, ils affrontent les Bangala. Le 9 mars, ils atteignent le confluent avec le Kasaï, et Ntamo le 12 mars, future implantation de Léopoldville. Les chutes Livingstone constitueront le plus redoutable des obstacles : 5 mois seront nécessaires pour couvrir les quelques centaines de kilomètres qui les sépare de Boma, Alexandre Delcommune recueillant finalement une expédition décimée. Stanley est le dernier des 4 Européens encore vivant, et seuls 115 sur 356 des compagnons africains parvinrent sur la côte atlantique. Mais l'exploit est historique.
Stanley décrit ce voyage extraordinaire dans un ouvrage publié en 1878, À travers le continent mystérieux.
Son œuvre pour Léopold II
Lorsque Stanley revient en Europe en janvier 1878, deux délégués du Roi Léopold II de Belgique, le baron Greindl et le général Sanford, l'accueillent à Marseille et lui font part des projets du Roi de créer un état sur le bassin du Congo.
Entre 1879 et 1884, Stanley installe une série de comptoirs commerciaux le long du Congo pour le compte de Léopold II. En 1884, il rebaptise le village du nom de Kintambo sur le Pool Malebo en Léopoldville, qui deviendra la capitale du Congo léopoldien. De 1886 à 1889, il prend congé de l'État indépendant du Congo pour diriger l'expédition de secours à Emin Pasha, la dernière grande expédition privée au cœur de l'Afrique. Il entreprendra une ultime expédition en 1890. Ses missions pour Léopold II sont racontées dans son livre The Congo and the founding of his free state.
À son retour au Royaume-Uni, il est élu à la Chambre des communes, où il est chargé des affaires coloniales et internationales. Il meurt le 10 mai 1904.
Ses archives complètes, documents d’une grande valeur historique, sont conservées au Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren, Belgique.
Bibliographie
* Comment j'ai retrouvé Livingstone * À travers le continent mystérieux - Gallica, livre libre de droits à télécharger [archive] * The Congo and the founding of his free state * Autobiographie de Henry M. Stanley - Publiée par sa femme Dorothy Stanley, 1er tome : 1843-1862 2e tome : 1862-1904 * "Boula Matari" par Philippe Lebocq, Denis Peronne et Benjamin Aflallo, éditions Ben More 2003, avec plusieurs pages consacrées à Stanley et aussi la photo de sa tombe * Stanley : sa vie, ses aventures, ses voyages, par Adolphe Burdo, Magellan & Cie, 2008
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Georges Balandier est un ethnologue et sociologue français. Il est actuellement professeur émérite de la Sorbonne (Université Paris Descartes), Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, collaborateur au Centre d'études africaines.
Biographie
Georges, Léon, Emile Balandier, né le 21 décembre 1920 à Aillevillers (Haute-Saône), fils d'un cheminot et militant socialiste, a commencé par des études de philosophie puis la guerre et l'occupation l'ont fait réfractaire au STO (Service du Travail Obligatoire) puis résistant. À partir de ses expériences humaines de résistant et dans l'effervescence intellectuelle qui suit la Libération (il fréquente notamment Michel Leiris), il va participer à l'effort pour « tenter de définir une autre politique coloniale ». « Quand j'arrive à Dakar, en 1946, je découvre d'abord la pauvreté derrière les habillements d'apparat… mais aussi une certaine turbulence » (Entretiens avec G. Balandier en 1982).
Membre de la SFIO de 1946 à 1951, il devient ethnologue, tout en participant de l'intérieur à la libération de l'Afrique. Dès 1952 il prend parti pour l'indépendance dans les Cahiers de sociologie, conduit ensuite des recherches sous l'administration de Pierre Mendès France mais rompt avec la politique quand De Gaulle met la Guinée de Sékou Touré hors de l'Union française. Avec Alfred Sauvy, il invente le concept de tiers monde pour désigner, en 1956, ces pays qui ressemblaient un peu au tiers état de la Révolution française.
Découvreurs des « Brazzavilles noires », il est un des premiers à tourner son attention de l'étude des sociétés traditionnelles à celle des mutations en cours dans les sociétés contemporaines africaines. Il est à l'origine de l'expression «Tiers-Monde», dont le sens dérive de «Tiers-État».
Il inaugure, en 1962, la première chaire de sociologie africaine à la Sorbonne.
En 1982, il fonde avec Michel Maffesoli, le Centre d'études sur l'actuel et le quotidien .
Actuellement (2007), Balandier est directeur des Cahiers internationaux de sociologie avec Michel Wieviorka.
Bibliographie
* 1947 Tous comptes faits, Paris, éditions du Pavois. (sa seule fiction) * 1952 "Contribution à une Sociologie de la Dépendance", Cahiers Internationaux de Sociologie, XII, p.47-69. * 1952 (en coll. avec Pierre Mercier) Particularisme et Evolution: les pêcheurs Lébou (Sénégal), St Louis du Sénégal, IFAN. * 1952 Les villages gabonais, Brazzaville, Institut d'études centrafricaines * 1955 L'anthropologie appliquée aux problèmes des pays sous-développés, Paris, Cours de droit, 376 p. * 1955 Sociologie des Brazzavilles noires, Paris, A.Colin. * 1955 Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique des changements sociaux en Afrique centrale, Paris, PUF. * 1957 (dir.) Le Tiers-Monde, sous-développement et développement, Paris, PUF-INED. * 1957 Afrique ambigüe, Paris , Plon : l'ouvrage à lire pour comprendre la démarche de l'ethnologue. Réédité depuis en Presses Pocket. * 1959 Les pays sous-développés: aspects et perspectives, Paris, cours de droit * 1961 Les pays en voie de développement : analyse sociologique et politique, Paris, cours de droit * 1965 La vie quotidienne au royaume de Kongo du XVIe au XVIIIe siècles, Paris, Hachette. * 1967 Anthropologie politique, Paris, PUF: un des fondamentaux de l'anthropologie politique. * 1968 (dir.) Dictionnaire des civilisations africaines, Paris, Fernand Hazan * 1970 (dir.) Sociologie des mutations, Paris, Anthropos * 1971 Sens et puissance : les dynamiques sociales, Paris, PUF. * 1972 Georges Gurvitch, sa vie, son oeuvre, Paris, PUF
Le plus important est sans doute :
* 1974 Anthropo-logiques, PUF repris ensuite et augmenté en Livre de poche « Biblio-essais » : cet ouvrage montre bien les construction sociales des inégalités à partir des différences de sexe, d'âge et d'activité sociale ou de groupe familial. * 1977 Histoire d'Autres, Paris, Stock * 1980 Le pouvoir sur scène, Paris, Fayard (éd. augmentée en 1992, puis en 2006) * 1981 Autour de Georges Balandier, Paris, Fondation d'Hautvillers * 1985 Le détour : pouvoir et modernité, Paris, Fayard * 1988 Le désordre : éloge du mouvement, Paris, Fayard * 1994 Le dédale : pour en finir avec le XXe siècle, Paris, Fayard * 1996 Une anthropologie des moments critiques, Paris, EHESS * 1997 Conjugaisons, Paris, Fayard * 2000 Avec Leonardo Cremonini en connivence, Milan, Electa * 2001 Le Grand Système, Paris, Fayard * 2003 Civilisés, dit-on, Paris, PUF * 2005 Civilisation et Puissance, Paris, L'Aube * 2008 Fenêtres sur un nouvel âge (2006-2007), Paris, Fayard
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Jacques Chirac, né le 29 novembre 1932 dans le 5e arrondissement de Paris, est un homme d'État français qui a exercé les plus hautes responsabilités de la Ve République.
Il fut premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing (1974-1976) puis, inaugurant la première cohabitation, celui du socialiste François Mitterrand (1986-1988). Il est le 5e président de la Ve République (22e président de la République) du 17 mai 1995 au 16 mai 2007, période incluant la troisième cohabitation (1997-2002). Il fut également le premier maire de Paris (1977-1995) après le rétablissement de cette fonction (supprimée entre 1871 et 1977, son prédécesseur était Jules Ferry). Il siège au Conseil constitutionnel dont il est membre de droit depuis la fin de son second mandat de chef de l'État.
Biographie personnelle et parcours politique
1932-1967 : jeunesse et apprentissage Né le 29 novembre 1932 à la clinique Geoffroy Saint-Hilaire (Ve arrondissement de Paris), Jacques René Chirac est le fils d'Abel François Chirac (1893-1968), administrateur de la société aéronautique et de Marie-Louise Valette (1902-1973). Tous deux proviennent de familles corréziennes, ses deux grands-pères sont instituteurs — de Sainte-Féréole, en Corrèze. D'après Jacques Chirac, son nom « a pour origine la langue d'oc, celle des troubadours, donc celle de la poésie ».
Le jeune Jacques, élevé en enfant unique (sa sœur aînée, Jacqueline est décédée en bas-âge avant sa naissance), commence ses études à l'école communale de Sainte-Féréole en Corrèze avant de les poursuivre à Paris au lycée Carnot puis entre au lycée Louis-le-Grand. Après son baccalauréat, il fait une campagne de trois mois comme matelot sur un navire charbonnier. Il intègre en 1951 l'Institut d'études politiques de Paris dont il est diplômé en 1954. Durant cette période, brièvement, il milite dans la mouvance du Parti communiste avec notamment le futur éditeur Christian Bourgois. Il vend L'Humanité rue de Vaugirard, et participe au moins à une réunion de cellule communiste comme il l'a raconté[1]. Il signe en 1950 l'Appel de Stockholm, contre l'armement nucléaire, d'inspiration communiste(cela lui vaudra d'être interrogé lorsqu'il demandera son premier visa pour les États-Unis, pays pour lequel il nourrit une réelle admiration) ; il sera ainsi diplômé de la Summer school de Harvard.
Ses fiançailles avec Bernadette Chodron de Courcel sont célébrées dans l'appartement des Chodron de Courcel, boulevard Raspail, le 17 octobre 1953. À l'automne 1954, il est reçu à l'ENA, avant d'être classé huitième à l'École de la Cavalerie (i.e. les blindés) de Saumur[3]. On lui refuse cependant le grade d'officier en raison de son passé communisant et il faut l'intervention des relations de la famille Chodron de Courcel (le général Kœnig) pour l'obtenir. Il en sort sous-lieutenant de cavalerie. En 1954, il soutient une thèse de géographie économique à l'Institut d'études politiques de Paris, où il était entré trois ans auparavant, intitulée Le port de La Nouvelle-Orléans, dirigée par le professeur Jean Chardonnet.
Le 16 mars 1956, il épouse Bernadette Chodron de Courcel, malgré les réticences de la famille de celle-ci face à un jeune homme issu d'un milieu différent. Les Chodron de Courcel refusent un mariage solennel dans la basilique Sainte-Clotilde, habituée des familles de la haute société du faubourg Saint-Germain. La cérémonie a donc lieu dans la chapelle de Jésus-Enfant (29 rue Las-Cases), annexe de l'église, réservée alors au catéchisme et aux cérémonies plus intimes. Il a avec elle deux filles, Laurence, en 1958 et Claude en 1962.
Juste après son mariage, de 1956 à 1957, il effectue son service militaire. En tant que jeune diplômé prometteur, il aurait pu éviter de faire la guerre d'Algérie (pendant 18 mois), mais il se porte volontaire et est affecté au 2e Chasseur d'Afrique (il est en poste à Souk-el-Barba). Il est libéré de son service le 3 juin 1957. Jacques Chirac explique qu'il n'est devenu gaulliste qu'en 1958, et qu'en 1947, il a pris sa carte du Rassemblement du peuple français « sans savoir ce [qu'il] faisait ».
Grâce à son mariage, et à son ambition, il change complètement de milieu social. Il rejoint en 1957 l'École nationale d'administration dans la promotion Vauban, dont il sort seizième en 1959, celle-ci étant détachée en Algérie par Charles de Gaulle entre le 17 avril 1959 et avril 1960. Jacques Chirac est détaché en tant que « renfort administratif », auprès du directeur général de l'Agriculture en Algérie, Jacques Pélissier.
À son retour en France métropolitaine, Jacques Chirac est nommé auditeur à la Cour des comptes et devient maître de conférences à l'Institut d'études politiques. En juin 1962, il devient chargé de mission (pour la « construction, les travaux publics, et les transports ») auprès du secrétariat général du gouvernement Pompidou, puis au cabinet du premier ministre. Un an plus tard, il est conseiller référendaire à la Cour des comptes.
En 1965, il est élu conseiller municipal de Sainte-Féréole, en Corrèze, berceau de la famille Chirac, sans qu'il se soit présenté. Un an plus tard, Georges Pompidou l'envoie en Corrèze arracher la circonscription d'Ussel à l'opposition. Bénéficiant du soutien de Marcel Dassault et de son journal, menant une campagne acharnée, il bat son adversaire Georges Émon, du Parti communiste français, de justesse[4], dans un bastion du parti. Dans cette victoire à l'arrachée sur une gauche divisée, il bénéficie de la neutralité bienveillante de la gloire locale Henri Queuille et de l'inamovible maire d'Égletons, le socialiste Charles Spinasse, ancien ministre de Léon Blum. Charles Spinasse affirme à cette occasion que Jacques Chirac est un type très « Front populaire »
1967-1976: l'irrésistible ascension ministérielle Tableau récapitulatif : Section chronologie des fonctions. Moins d'un mois plus tard le 8 mai 1967, Jacques Chirac — surnommé « mon bulldozer » par Georges Pompidou — est nommé sous-secrétaire d'État à l'Emploi, dans le troisième gouvernement Pompidou (et servira encore dans tous les gouvernements successifs, dirigés par Maurice Couve de Murville, Jacques Chaban-Delmas et Pierre Messmer jusqu'en 1974). L'une de ses premières réalisations est la création de l'Agence nationale pour l'emploi. Durant mai 1968, il joue un rôle capital lors des Accords de Grenelle et devient l'archétype du jeune énarque brillant, parodié dans Astérix. Aussitôt après mai 68, il est nommé secrétaire d'État à l'Économie et aux Finances, chapeauté par le jeune ministre Valéry Giscard d'Estaing. Les deux hommes se méfient l'un de l'autre tout en travaillant ensemble : Jacques Chirac n'est pas mis dans la confidence de la dévaluation du franc, en 1969.
En 1971 il devient ministre chargé des relations avec le Parlement, puis, le 5 juillet 1972, il est nommé ministre de l'Agriculture et du Développement rural, dans le gouvernement Messmer, où il se fait remarquer en obtenant massivement les voix des agriculteurs. En novembre 1973, soutenu par le président, il revient sur des décisions de Valéry Giscard d'Estaing, alors en voyage.
En mars 1974, probablement à la suite de l'affaire des écoutes du Canard enchaîné, il « échange » son poste avec celui de Raymond Marcellin, jusque-là ministre de l'Intérieur. À la mort de Georges Pompidou, peu de temps après, il choisit de soutenir Pierre Messmer, un temps candidat, puis Valéry Giscard d'Estaing contre le candidat gaulliste Jacques Chaban-Delmas. Il rallie contre ce dernier 39 parlementaires et 4 ministres, dit « Appel des 43 » et contribue ainsi largement à la victoire de Valéry Giscard d'Estaing à l'élection présidentielle. Il bénéficie aussi d'une bonne connaissance du terrain et des élus locaux acquis en moins de deux ans au ministère de l'Agriculture, et surtout de sa position dans un ministère « stratégique » où il a la haute main sur les préfets, les Renseignements généraux, etc.
1974 - 1976 : Premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing Le 27 mai 1974, en raison de son rôle décisif dans son élection, Valéry Giscard d'Estaing nomme Jacques Chirac premier ministre. Il conserve l'appui de l'Union pour la défense de la République (qui ne compte que cinq ministres) dont il devient le secrétaire général, sans même en avoir été membre. À Matignon, il instaure un style détendu et studieux, tout en débutant un bras de fer avec le président. Tous deux désirent gouverner le pays et possèdent un caractère très différent : leur rivalité est la même depuis leurs tensions au ministère des Finances. De plus, Jacques Chirac se voit imposer par le président un grand nombre de ministres qu'il n'apprécie pas. C'est notamment le cas de Michel Poniatowski et Jean-Jacques Servan-Schreiber, tous deux fermement anti-gaullistes. Jacques Chirac se débarrasse rapidement du co-fondateur de L'Express sur la question des essais nucléaires. « JJSS » y est opposé et le fait savoir, ce qui le pousse à la démission. Pour le remplacer, Valéry Giscard d'Estaing impose à Jacques Chirac le second co-fondateur de L'Express en la personne de Françoise Giroud, qui devient secrétaire d'État.
Les réformes entreprises par Valéry Giscard d'Estaing surprennent puis agacent les gaullistes. Majorité à 18 ans, loi sur l'avortement, extension de la couverture de sécurité sociale, la « poignée de main » à des détenus en prison, tout cela n'est pas du goût de l'UDR et va à l'encontre des idéaux de l'électorat de droite. Les relations se tendent entre les deux têtes de l'exécutif. Les deux conseillers personnels de Jacques Chirac, Pierre Juillet et Marie-France Garaud, le poussent même à la rupture avec Valéry Giscard d'Estaing.
Le 11 janvier 1976, le président effectue un remaniement ministériel contre l'avis du premier ministre, qui dénonce le pouvoir exercé par Valéry Giscard d'Estaing et demande une refonte complète de sa politique. Après une rencontre au fort de Brégançon, Jacques Chirac décide de démissionner de son poste, geste qu'il annonce le 25 août 1976. Il déclare à la télévision : « Je ne dispose pas des moyens que j’estime aujourd'hui nécessaires pour assumer efficacement mes fonctions de premier ministre et dans ces conditions, j'ai décidé d'y mettre fin ». Jacques Chirac aurait affirmé à Valéry Giscard d'Estaing « qu'il voulait quitter la vie politique […] et qu'il s'interrogeait sur sa vie, et qu'il parlait même de monter une galerie d'art ».
1976-1995 : De la Mairie de Paris à l'Élysée
1977 - 1995 : la Mairie de Paris Tableau récapitulatif : Section chronologie des fonctions.
L'Hôtel de ville de ParisAprès avoir annoncé sa candidature au poste de Maire de Paris (il était initialement hostile au changement statutaire de la Ville), il crée le Rassemblement pour la République. Ce parti gaulliste reprend les bases de l'UDR et Jacques Chirac en devient le président. Le 20 mars 1977, malgré l'opposition de Raymond Barre qui soutient Michel d’Ornano, il devient le premier maire de Paris depuis Jules Ferry. Le poste qu'il obtient, nouvellement créé, est très important : quinze milliards de francs de budget, 40 000 fonctionnaires. C'est aussi et surtout un excellent tremplin électoral. Il est accusé d'avoir utilisé, pour l'appareil du RPR et à des fins purement électorales, un certain nombre de moyens de la municipalité parisienne : emplois fictifs, marchés publics du bâtiment (voir les affaires), frais de bouche.
1981 : 1re candidature à l'élection présidentielle En vue de l'élection présidentielle de 1981, Jacques Chirac fait du RPR une puissante machine politique : toujours dans la majorité et plus important, avec 150 députés, que l'Union pour la démocratie française (parti créé en 1978 pour soutenir l'action du président), il est très critique vis-à-vis du gouvernement. Le 26 novembre 1978, Jacques Chirac est victime d'un accident sur une route de Corrèze et est transporté à l'hôpital Cochin à Paris. De là, il lance l'« Appel de Cochin » qui dénonce le « parti de l'étranger », c'est-à-dire l'UDF, en accusant le parti de Valéry Giscard d'Estaing d'agir au nom de l'Europe et contre les intérêts de la France.
En 1979, il est tête de liste aux élections européennes, auxquelles il échoue, sa liste ne recueillant que 16,3 % des voix, derrière les 27,6 % de Simone Veil, tête de liste de l'UDF. Élu député européen, il ne siègera jamais à Strasbourg, démissionnant de sa nouvelle fonction, préférant ses mandats nationaux.
Lors de l'élection présidentielle, il fait campagne sur le sujet de la réduction des impôts — suivant l'exemple de Ronald Reagan — et obtient 18 % des voix au 1er tour, et se retrouve largement distancé par Valéry Giscard d'Estaing (28 %) et François Mitterrand (26 %), qui remporte le second tour (parmi les slogans de campagne, on retrouve la chanson Jacques Chirac Maintenant[8]). Jacques Chirac annonce que « personnellement » il votera pour le chef de l'UDF. Ses militants, et surtout ses jeunes militants, retiennent le peu de conviction du message et votent massivement pour le candidat de l'opposition. Selon Valéry Giscard d'Estaing[9], Raymond Barre et Christian Bonnet, la permanence du RPR conseille de voter pour François Mitterrand entre les deux tours ; Valéry Giscard d'Estaing explique que François Mitterrand lui aurait confirmé avoir rencontré Jacques Chirac chez Édith Cresson à cette occasion. Toujours selon Valéry Giscard d'Estaing, la stratégie de Jacques Chirac étant de faire élire François Mitterrand puis d'essayer d'obtenir une nouvelle fois la majorité au parlement, François Mitterrand étant obligé de dissoudre la chambre issue de 1978. Pour Jacques Chirac, la présence de ministres communistes créera chez les Français un sentiment de peur comparable à celui de mai 1968, ce qui provoquera un nouveau raz-de-marée gaulliste. Pierre Messmer confirme cette version des faits. Le candidat socialiste est élu.
Affaibli par le faible score du premier tour, le RPR ne remporte que 83 sièges aux élections législatives. Jacques Chirac est l'un des rares de son camp à voter pour l'abrogation de la peine de mort, contre l'avis de la majorité des Français. Il devient cependant de plus en plus populaire chez les électeurs de droite comme maire de Paris, notamment en développant une politique de transports en commun, en venant en aide aux personnes âgées, aux handicapés et aux mères célibataires, tout en incitant les entreprises à rester dans la ville mais en organisant la destruction des quartiers populaires. En 1983, il est réélu en remportant, avec sa coalition RPR-UDF le « grand chelem » : la totalité des vingt arrondissements. Fort de cette victoire, il s'affirme comme le chef de l'opposition sur le plan national.
1986 - 1988 : La Première cohabitation Tableau récapitulatif : Section chronologie des fonctions.
Jacques Chirac et le chancelier allemand Helmut Kohl en 1987En mars 1986, lors des élections législatives à la proportionnelle, l'union RPR-UDF obtient de justesse la majorité, avec seulement deux sièges, et survient ce que Raymond Barre baptise « cohabitation ». Jacques Chirac, chef de la majorité, devient premier ministre.
La cohabitation est l'occasion d'une guerre de tranchées entre le premier ministre et le président. François Mitterrand, critiquant ouvertement l'action de son premier ministre, se pose en président impartial. Il refuse de signer des ordonnances et Jacques Chirac doit recourir à l'article 49 al 3. La stratégie du président favorise la lassitude de l'opinion vis-à-vis de la méthode et des réformes du gouvernement, et le premier ministre doit se résoudre à en abandonner certaines. Il réussit à freiner la progression du chômage, mais pas à l'arrêter. Il paye également la défiance de la jeunesse, à laquelle son ministre Alain Devaquet s'est heurté en novembre 1986 et l'image de son ministre Charles Pasqua, populaire à droite mais détesté à gauche. Ce dernier négocie en secret la libération des otages[10] du Liban. La version officielle, commune dans les affaires de prise d'otages, est qu'il n'y a pas eu de rançon ; on accuse le premier ministre d'avoir vendu la technologie nucléaire française à l'Iran et de vouloir manipuler l'opinion publique.
1988 : 2e candidature à l'élection présidentielle En 1988, Jacques Chirac se présente à l'élection présidentielle. Confronté à la remontée spectaculaire de François Mitterrand dans les sondages, il se lance dans une tournée dans toute la France pour expliquer sa politique. Au premier tour, il obtient seulement 19,94 % et est talonné à droite par Raymond Barre qui en attire 16,6 %, et se trouve largement distancé par François Mitterrand et ses 34,1 %. Le journaliste Éric Zemmour a rapporté que Jacques Chirac aurait eu une entrevue secrète avec Jean-Marie Le Pen entre les deux tours, ce qu'il a toujours nié. En fait, il y aurait eu deux rencontres selon Franz-Olivier Giesbert. La première se serait déroulée un mois avant le premier tour par l'intermédiaire d'un ami commun, le général Pierre de Bénouville. Il s'agissait d'une prise de contact afin de que les deux hommes puissent se jauger. Une seconde rencontre aurait eu lieu entre les deux tours. Cette fois, Charles Pasqua est l'intermédiaire qui organise l'entrevue chez un ami armateur. Cette fois-ci, Chirac a pris sa décision et fait preuve d'une « inflexible intransigeance » à la grande stupéfaction de Jean-Marie Le Pen[12]. Opposant une fin de non recevoir, Chirac aurait demandé au chef du Front national de ne pas lancer le moindre appel en sa faveur. Lors de son allocution du 1er mai 1988, Jean-Marie Le Pen ne pouvait plus que déclarer : « Pas une voix pour Mitterrand ! » laissant ses électeurs libres de choisir entre le vote blanc et le bulletin Chirac[14]. Depuis cette date, Jean-Marie Le Pen nourrit une rancune envers Jacques Chirac.
Lors d'un débat télévisé rugueux, Jacques Chirac affronte le président sortant (Mitterrand) durant lequel le président affirme « dans les yeux » qu'il n'était pas au courant des tractations pour libérer les otages du Liban.
Au soir du second tour de l'élection le 8 mai 1988, Jacques Chirac subit une défaite cuisante en n'obtenant que 45,98 % des voix. Son camp est démoralisé, et sa femme va jusqu'à affirmer : « les Français n'aiment pas mon mari ».
De nouveau dans l'opposition, il reste maire de Paris, réélu triomphalement en 1989 et travaille à se maintenir en tête de l'opposition. En 1991, il déclare qu'il est « absolument hostile au plan Delors tendant à instituer en Europe une monnaie unique ».
1993-1995 : la Deuxième cohabitation Face aux grandes difficultés du gouvernement de gauche, il participe à la campagne législative de 1993 qui voit la victoire écrasante de la droite. Échaudé par l'expérience précédente, il préfère rester en retrait et laisse Édouard Balladur devenir premier ministre, formant ainsi la Deuxième cohabitation. L'accord tacite entre les deux hommes est simple : à Édouard Balladur l'Hôtel Matignon, à Jacques Chirac le Palais de l'Élysée en 1995.
Cependant Édouard Balladur, au vu de sa popularité, décide de se présenter à l'élection présidentielle : les partisans du président du RPR crient à la trahison, d'autant que le premier ministre entraîne avec lui une large partie des chiraquiens du premier cercle, la plupart membres de son gouvernement, dont Nicolas Sarkozy et Charles Pasqua. Philippe Seguin, un temps hésitant, se lance dans la bataille auprès du candidat « légitime » et devient avec Alain Juppé et Alain Madelin un des principaux soutiens de Jacques Chirac. Celui-ci, espérant devancer Édouard Balladur, annonce sa candidature tôt, le 4 novembre 1994. Il entame une campagne dynamique et centrée sur le thème de la « fracture sociale ». Jacques Chirac réussit à éliminer Édouard Balladur au premier tour, avant de remporter le second
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De l’africanisme aux études africaines Textes et « humanités » Alain Ricard Tout discours sur l'Afrique, et en particulier l'Afrique noire, ne peut il relever que de la passion, voire de lacompassion ? N’y a t-il que les fous d’Afrique – titre d’un livre récent – pour s’intéresser à elle ? Quelles formes de raison peut-il convoquer ?La première qui se présenta fut géographique. Sorte de page blanche de notre humanité jusqu'au XIXe siècle, l'Afrique a été inscrite avec nos routes, nos cartes, nos frontières ; aujourd'hui, les images satellitaires ne nous en laisentrien ignorer. Nous savons au mètre près ce qui se passe à Kisangani en guerre, là où Stanley donna à des chutes son nom : il avait compris que cette courbe du fleuve Congo était le centre du continent, il pensait en géographe et en stratège... Cette Afrique des images reste face à nous, extérieure : ne relève-t-elle pas aussi d'autres formes de raison plus intérieures, voire existentielles ? Quel immense murmure monte de la forêt ? Que dit-il ? Ces Africains ne sont-ils qued'empruntés francophones ou de pompeux anglophones ? Des bégayeurs maladroits ou des volubiles irresponsables ?L'inscription géographique, qui en reste à l'image, est trop facilement la proie de la marchandise. Aujourd'hui il nous faut le son, le discours. Des langues en expansion composent d'autres circulations que nous ne capterons pas avec nos satellites. Il nous faut passer de l'œil à l'oreille, du regard à l'écoute... Les blancs des cartes Les sciences humaines redécouvrent l’afrique, titrait un journal du soir après un colloque tenu à Nantes – « Les sciences de l’homme en Afrique » – en novembre 2002... Redécouvrir ? Quelle niaiserie, voire quelle ignorance de l’africanisme ! Le problème est pourtant (mal) posé : comment se construit la connaissance sur l’Afrique, et où ?Comment peut-il y avoir un dialogue scientifique avec le sud ? De quelle nature ce savoir anthropologique, historique, voire linguistique et littéraire est-il ? Comment peut-il se transmettre aujourd’hui, mais aussi, comme l’écrivait FemiOsofisan dans Politique africaine en 1990 : comment les Humanités peuvent-elles aider à l’humanisation1? Face à la négrologie2, que les facilités de l’euphonie aident à convoquer pour mieux la congédier, n’y a-t-il pas place pour des études africaines attentives aux discours des autres, aux textes qu’ils produisent ?Depuis 1967, j’ai la chance de me consacrer uniquement à l’Afrique : d’abord à UCLA (Los Angeles), puis à l’université du Togo, à l’agence de la francophonie, enfin au CNRS. Je suis parfois interpellé : ce doit être une passion pour vous ? Non ! L’écriture est une passion, pas l’Afrique. L’Afrique est une raison d’agir et de travailler, elle n’est pas l’objet d’une impulsion irrationnelle. J’ai compris, au fil des années, que la relation française à l’Afrique ne pouvaits’exprimer, voire se vivre publiquement, que sur le mode du passionnel, c’est-à-dire en dehors des formes de savoir intellectuel : d’où mon interrogation sur l’africanisme… S’il est un besoin d’Afrique que je comprenne, c’est le besoinde connaissance. Cet essai est une critique de l’attitude des fous d’Afrique… C’est aussi un effort pour attirer l’attention des chercheurs sur la production intellectuelle africaine, sur les textes qu’il convient de connaître et d’éditer. Connaître, c’est d’abord essayer de baliser tous les espaces du savoir : le géographe, comme la nature, a horreur du vide, et a longtemps préféré meubler les « blancs de sa carte » avec des données réelles, certes, mais étirées au maximum pour fournir une Afrique présentable3… Combien d’autres ont meublé les blancs de leur carte intellectuelle avec des fantaisies ? Noms de langues démultipliés à l’envi, ethnies aux coutumes extravagantes, et surtout étirement de toute observation vers l’idée générale, cette plaie qui fait que l’on parle de l’Afrique dès que l’on a séjourné quelque temps dans un point du continent ! L’Afrique francophone est l’Afrique et pour un peu les Saint-Louisiens représenteraient tous les Africains ! La découverte de l’Afrique est encore en partie à faire ! Un atlas historique africain étonne par ses « blancs », remarque G. Balandier : les domaines à couvrir ne manquent pas et celui des arts du verbe n’est pas le dernier à demander notre attention ! Alain Ricard, directeur de recherche au CNRS (laboratoire LLACAN, « Langage, langues et cultures d'Afrique noire »), chargé de cours à l'INALCO, a récemment publié Voyages de découvertes en Afrique (Bouquins-Lafont, 2000), éditéL'excursion missionnaire de Thomas Arbousset (Karthala, 2001) et préfacé L'homme qui marchait vers le soleil levant(Bordeaux, Confluences, 2003) , de Thomas Mofolo, premier roman écrit dans une langue de l'Afrique. 1F. Osofisan (1990).2S. Smith (2003).3R. Mauny (1970 : 125).
Georges Balandier eut la tâche, dans la première Encyclopédie mondiale des littératures (Pléïade, 1955), de traiter des littératures de l’Afrique noire. Le fondateur de l’africanisme moderne dans notre pays s’est détaché de l’Afrique dans la décennie qui suit. Il s’en explique dans un entretien récent avec Pierre Nora : il n’a pas voulu devenir conseiller des princes au moment des Indépendances4. L’Afrique lui a appris plusieurs choses essentielles : goût du divers, sens de l’invention politique, pratique du métissage. Le terme d’africaniste, qui lui est souvent appliqué, continue d’être utilisé dans notre pays, sans que sa dénotation soit précisée ! Africaniste : « spécialiste des langues et civilisations africaines » (Petit Robert, 1972). Qui s’occupe aujourd’hui des langues et des civilisations de l’Afrique, comme Georges Balandier le faisait si bien dans le texte sur les littératures, qui précède son livre sur la vie quotidienne dans le royaume Kongo ? L’Africanisme pose question, comme le dit le titre d’un ouvrage récent5. A mon sens, l’une des principales questions posées, presque malgré lui, par ce livre, est qu’il ne traite pas des disciplines des humanités. Seul l’article sur l’archéologie fait la description d’une situation qui pourrait être généralisée aux autres sciences de l’homme exclues du champ de l’ouvrage : philologie, histoire de l’art, musicologie, études religieuses. Ainsi, la plus grande institution africaniste dans notre pays est elle aujourd’hui sans doute une fondation, le Musée et les éditions Dapper, qui en vingt ans ont changé notre regard sur les arts de l’Afrique : ils ne figurent pas, bien à tort, dans les états des lieux ! Les arts de l’Afrique ne sont pas considérés comme une voie d’accès à la connaissance des peuples de l’Afrique : étrange exclusion ! Un autre aspect de la question est éludé : la relation avec l’Ethiopie et les études éthiopiennes, traitée la même année par le regretté Jacques Bureau dans un essai sur Marcel Cohen et ses successeurs, cent ans d’études éthiopiennes en France6. Pourquoi isoler l’Ethiopie ? Pourquoi ne pas l’inclure dans les études africaines : la philologie négligée en Afrique « noire » devient soudain critère de séparation. Les sémitisants veulent rester entre eux ! Cette division, désastreuse pour l’avancée des recherches, a des racines anciennes : Jacques Bureau les mentionne sans s’y apesantir et c’est dommage (« autant de tensions dont les effets se font encore sentiraujourd’hui7») ! De même, il conviendrait de s’interroger sur la discrétion excessive, qui confine au ridicule, réservantà l’orientalisme le privilège de désigner la seule institution qui enseigne les langues africaines en France ! INALCO, langues et civilisations orientales : pourquoi omettre l’Afrique ?!Le présupposé de la passion est souvent de croire qu’elle est réciproque, qu’elle l’a été ou qu’elle le sera… Erreur funeste, comme on le sait, dans les relations personnelles. Il en va de même dans les relations internationales :les fous d’Afrique croient partout rencontrer des amoureux de la France, ou de la langue française : les foules d’Abidjan devraient faire réfléchir… Aussi je pense que l’africanisme n’a pas dit son dernier mot, mais il lui fautassumer son passé et prendre la pleine mesure de son objet. De la chance de commencer par Soyinka… J’ai abordé l’Afrique par les textes ; ceux de Wole Soyinka occupent une grande place dans mon itinéraire. Ils offrent une voie d’accès à la connaissance de l’Afrique. Comme toute grande œuvre ils ont une dimension cognitive, qui n’est que rarement prise en compte dans les travaux qui lui sont consacrés. J’ai pu ainsi connaître l’Afrique en dehors du rapport colonial – à partir de l’Amérique , mais en étant intimement conscient de la situation coloniale. Connaître à travers une œuvre qui essayait de montrer, mais aussi de comprendre et qui se situait autant en rupture par rapport au monde colonial que par rapport à l’anticolonialisme obligé, qui allait devenir tiers-mondiste. Pour Soyinka, le cycle de la violence et de la bêtise ne s’était pas interrompu en 1960 et il allait bientôt payer dans sa chair pour le savoir. Il fut en effet emprisonné pendant deux ans au Nigeria après le début de la guerre civile en 1967. C’est à ce moment que j’ai rencontré son œuvre : en 1968, j’ai traduit l’appel lancé pour sa libération, dans le cadre de mes fonctions d’assistant de rédaction de la revue African Arts…. Cette oeuvre m’a accompagné et m’a fréquemment guidé. Plus tard, j’ai continué à en suivre le développement, notamment à travers les adaptations africaines d’Euripide, de Brecht, aujourd’hui d’Ubu. Dans les années soixante-dix, marquées par l’expansion des politiques d’autenticité africaine, le message et la pratique de Wole Soyinka demeuraient d’une redoutable et corrosive actualité. Les années d’Ife (1977-1985) occupent une place à part dans l’itinéraire du futur prix Nobel. Sur un campus, dans la nature, aux portes de la ville sainte des Yoruba, du berceau de l’humanité, Ifé, Wole a dirigé un institut et formé des générations d’étudiants : il s’est aussi entouré d’une cohorte de brillants universitaires, qui étaient aussi ses amis : Femi Osofisan, Kole Omotoso, Olabiyi Yai, Biodun Jeyifo. Il a vécu dans un milieu qui produisait un savoir et une compréhension critique de l’Afrique. Les soubresauts qui ont agité ce campus et dont je raconte quelques moments faisaient partie de cette effervescence. Ses pièces satiriques, notamment A Play of Giants, ont fait date pour moi. C’estaussi dans ces années que j’ai, un peu par hasard, fait connaissance avec lui ; j’avais été le professeur de Fola, sa sœur 4G. Balandier (2003).5A. Piriou et E. Sibeud (1997).6J. Bureau (1997).7J. Bureau (1997 : 14).
cadette à Lomé. Elle avait, comme moi, gardé un bon souvenir de cette année togolaise. En 1982, elle était à Ifé, professeur de danse, et c’est ainsi qu’elle m’a proposé de venir un soir dîner avec son frère. C’était bien ainsi : nous avons plus parlé vin que littérature ou politique ; beaucoup parlé de sécurité routière. Je lui avais dit que la folie nigériane sur les routes ne pouvait se comparer qu’à la folie française. Il était alors engagé dans l’organisation de sa maréchaussée routière, une vraie cause civique dont l’impact n’a pas été nul. Il cherchait aussi à promouvoir les créateurs nigérians et je me suis ainsi retrouvé enrôlé dans une publicitéfilmée sur un vin fait à partir de noix de cola. Oui : de noix de cola ! Un ersatz, en somme, mais fort buvable, et quicommençait à se répandre au Nigeria depuis les brevets qu’un ami nigérian de Wole, docteur en chimie de Cambridge, avait déposé… J’en ai bu, beaucoup : j’ai aimé et j’ai proposé de le dire. Nous avons aussitôt imaginé un petit scénario, que notre ami Bankole Bello a tourné. J’y jouais le Français expert qui aimait le blanc sec servi par un collègue du campus et demandait sa provenance, sûr d’avoir affaire à un Chablis : eh bien non, c’était un vin nigérian et cela pouvaittromper même un Français… Nous passâmes quelques soirées à tourner cette saynette dans la belle maison de Wole, en lisière du campus, à l’orée de la forêt. Notre homme est chasseur et la brousse voisine est peuplée d’antilopes… En 1984, il accepte que je publie des extraits d’une traduction inédite que j’avais retrouvée dans un tiroir de Présence africaine et que m’avait confiée G. Jones, qui gérait les droits étrangers de cette vénérable maison… Le traducteur était un inconnu, Etienne Galle, qui devait bientôt être largement apprécié : Wole nous laissa publier ce texte sans rien demander ; nous aurions même pu acquérir les droits de son œuvre, mais mon nouvel, et excellent, éditeur ne s’intéressait pas assez à la littérature… Le texte, extrait de Cet homme est mort, fit sensation dans le petit milieu denotre revue : j’ai souvenir des remarques admiratives et étonnées des secrétaires de rédaction ; le texte passait bien en traduction et disait des choses que l’on n’avait encore jamais dites. Deux ans plus tard Wole Soyinka recevait le prix Nobel . Ecouter et pas seulement voir Une dimension centrale de cet essai est l’attention portée à la question des langues. J’ai commencé l’étude de l’Afrique en apprenant une langue, le yoruba, que je n’ai jamais pu parler, puis une autre, l’ewe, qui m’a laissé dans lemême silence, avant de rencontrer le kiswahili et le sesotho qui m’ont paru plus familières, parce que je les ai d’abordlues. Nous apprenons souvent les langues par les yeux et mon contact oral avec les langues de l’Afrique de l’Ouest ne m’a pas permis d’en avoir la maîtrise. Il m’a fallu voir pour entendre ! Dans un continent comme l’Afrique, page blanche pendant une grande partie de notre histoire, les idées les plus fantaisistes ont circulé sur les langues locales. Comment parler de respect des cultures, sans donner une priorité aux langues de l’Afrique ? Je vois les objections et je veux éviter de tomber dans les ornières dont mes collègues des sciences sociales ont peine à s’extirper : tant de langues, laquelle choisir, etc. Je voudrais que tous mes collègues assistent à la rencontre annuelle Euroswahili qui se tient en mai à Bayreuth et en sera à sa dix-septième édition en 2004. Organisée à l’origine pour l’Allemagne et les pays de langue allemande, la rencontre est devenue européenne, mais iln’est pas d’africaniste en Allemagne qui ne connaisse au moins une langue africaine ou ne reconnaisse l’importance d’en savoir une, et pas de bantouiste qui ignore le kiswahili. Cela vaut aussi pour les étudiants. On enseigne dans toutes les grandes universités les langues de l’Afrique : à Hamburg, Berlin, Leipzig, Mayence, Cologne, Bayreuth et dans les pays germanophones comme à Bâle, Vienne ou Zurich, mais aussi à Saint-Petersbourg et à Moscou. Nous avons, en France, du mal à comprendre comment un tel contact modifie le rapport à l’Afrique chez les étudiants et les rend plus apte à comprendre d’autres sociétés parce qu’ils ont fait l’effort de comprendre une autre langue. Pendant trois jours, une centaine de chercheurs, d’étudiants, de professeurs débattent, en kiswahili la plupart du temps, de questions liées à une grande culture africaine moderne. Des débats théoriques ont lieu dans une langue africaine entre des chercheurs venus de tous les pays et au nombre desquels les Africains ne sont qu’une toute petite minorité ! Etudier une langue n’est pas forcément parler, mais partager des moments d’apprentissage, comprendre comment se fait la phrase, de quoil’échange est tissé, quels sont les concepts centraux du discours. Enfin, et pour nous ce point est important en France, ilfaut étudier les langues des autres, en français. C’est ce qu’avait compris le fondateur d’Afrique et langage, Maurice Houis. C’est aussi ce qu’il est de plus en plus difficile d’accomplir. Avant la récente méthode Assimil de kiswahili par exemple, il n’existait que les excellentes – mais introuvables ! – grammaires des Pères Blancs pour apprendre cettelangue en France : je l’ai moi même apprise à l’aide d’un manuel en anglais, d’un dictionnaire en russe et d’une grammaire en italien. On pourrait multiplier les exemples : il est impossible au Rwanda aujourd’hui de trouver un dictionnaire usuel kinyarwanda- français dans les librairies et les professeurs de ce pays « trilingue » enseignent sans dictionnaire ! Je ne saurais recommander de telles méthodes ! Cette nuance échappe souvent aux zélateurs de lafrancophonie, prisonniers des clichés dualistes (anglophonie contre francophonie) et qui ne voient pas que le domaine de la science est aussi une voie d’accès à l’Afrique. Si le rapport n’est que passionnel, l’évidence est dans le partage des émotions. Musique, danse, parure, masque, diraient tout : à quoi bon traduire ? publier des dictionnaires ?
En 1977 se tenait le festival de Lagos, Deuxième Festival mondial des Arts du monde noir. Wole Soyinka y présidait une session dans laquelle il proposait les résolutions de l'Union des écrivains des peuples africains, etnotamment celle qui a trait aux questions linguistiques : « The scholar in African society ». Le futur prix Nobel ydiscute les recommandations du Deuxième congrès des écrivains et artistes noirs tenu à Rome en I959, sous l'égide de larevue Présence africaine, où il fut recommandé de faire du kiswahili la langue de l'Afrique subsaharienne. Je m'intéresse depuis ces années, en partie sous l'influence de Wole Soyinka, à la littérature en kiswahili, qui en bonne logique devrait figurer l'avant-garde de la nouvelle littérature africaine que le futur prix Nobel appelle de ses voeux. Tel n'est pas exactement le cas, et qui connaît, en France, la littérature swahili ? Certes, deux romans (Les Girofliers deZanzibar, 1986, et Les enfants du faiseur de pluie, 1996) ont été traduits, mais c'est peu. J’ai beaucoup de difficultés à comprendre que l'on puisse revendiquer des principes et ne pas se sentir concerné par l'application que certains essaient d'en donner. Beaucoup d'écrivains africains me semblent avoir à l'égard de laproduction en langues africaines l'attitude des communistes français de naguère à l'égard de l'URSS : la patrie du socialisme réalisé ne les intéressait pas plus que les problèmes concrets de la littérature en kiswahili ne semblentconcerner nombre des auteurs de motions sur la littérature en langues africaines. Comme si les réalisations de ces auteurs n'étaient pas à la hauteur des ambitions idéales – idéalistes – des promoteurs de motions volontaristes. Le vraipost-colonialisme est sans doute la manifestation allemande Euroswahili ! La figure de l'écrivain en langues africaines suscite l'indifférence, voire la condescendance. Les marques d'intérêt qui lui sont accordées sont surprenantes : il se voit considéré comme un barde ou un transcripteur de l'oralité. De tels travestissements sont censés valoir à l'écrivain en langue africaine une meilleure place dans l'histoire de la culture : étrange avatar récurrent de Thomas Mofolo, premier romancier africain (1907), dont les oeuvres se retrouventencore dans un récent volume sur les épopées orales, après avoir figuré dans les anthologies de littérature orale ou de littérature anglophone ! Il faut se rendre à l'évidence : le personnage de l'écrivain en langue africaine en tant que sujet historique n’a pas sa place sur la scène historique et culturelle du vingtième siècle de l'histoire de l’Afrique. Il est plus incongru que dépassé, plus déplacé, voire gênant, que ringard ! La figure de Ngugi Wa Thiongo, romancier anglophone se mettant à écrire en gikuyu – exemple suivi par Boubacar Boris Diop, romancier sénégalais qui vient de publier son premier roman en wolof (Doomi Golo, 2003) après plusieurs romans en français – donne une modernité tonitruante à une pratique originale, dont les effets sont encore peu mesurés en français. Etudier les littératures en langues de l'Afrique, c'est refaire de la philologie, c'est s'intéresser aux textes, et aux langues dans leurs rapports avec le livre, avec la tradition littéraire, dans laquelle évidemment l'oralité transcrite tient une place de choix. Elle n'est pas seule à tenir la place : il y a aussi la Bible, le Coran, Maria Corelli ou Rider Haggard, Sainte Thérèse et Conan Doyle... Cela suppose donc de se demander tout ce que des intellectuels locaux, des intellectuels ruraux, « organiques », des hommes respectables et admirables, pionniers de la culture dans leur langue etleur peuple, lisaient et écrivaient. L'appropriation de l'écriture et de la littérature ne s'est pas faite qu'à Paris ou à Londres : elle a eu lieu dans les îles Ukerewe ou à Abeokuta. Seulement son histoire est encore en partie à faire. Les urgences de la politique et du développement ont fait oublier que le contenu des humanités africaines doit être aussi fait de ces formes locales d'appropriation. J’ai observé pendant les trois dernières décennies l’avancée des études francophones, c’est-à-dire la poursuite de l’enseignement du français en Afrique. Institutions, prix, projets soutiennent ces entreprises. Défendre la diversité culturelle, c’est défendre les langues et les cultures de l’Afrique, contre le français. La question se pose à Lubumbashipar exemple. Les travaux de Johannes Fabian ont montré l’importance du kiswahili au Shaba ; j’ai animé plusieurs stages d’écriture dans cette région. Mes étudiants savaient tous le kiswahili : nous avons discuté de traductions. Tous avaient appris cette langue durant leur scolarité secondaire dans les années 80, mais ils ne voyaient pas l’intérêt de continuer à la pratiquer ou à l’écrire. Or n’est ce pas une langue internationale ? Une langue interafricaine ? Tous ces débats n’ont pas de lieu dans la presse et l’université françaises, mais ils sont bien présents à l’esprit des jeunes chercheurs africains, dont on conçoit qu’ils s’interrogent sur le sens d’une pseudo-diversité toute en français, ou toute en anglais, ce qui est identique ! Africanisme et études africaines C’est précisément dans le rapport entre textes, langues, situations et personnes, que se constitue l’africanisme, parce que les études culturelles sont d’abord l’étude des relations, verbales et sociales. Le terme d’africanistique, venu de l’allemand (Afrikanistik), a un clair enracinement linguistique : celui qui étudie et parfois parle les langues de l’Afrique. La méthode est claire : ne pas séparer le travail de production et d’édition des textes, le travail proprement philologique, de l’analyse de leur situation historique et de leurs conditions d’énonciation. Je plaide ici pour ladimension humaniste des études africaines, qui dans notre pays semble avoir été oubliée. Des projets comme l’annonce récente (2003) du recrutement par l’université de Stanford d’un spécialiste du « secteur humaniste » (« Humanistic Field », sic) des études africaines paraissent fort exotique pour nous. Ce secteur humaniste est défini ainsi dans l’appel à candidatures : histoire de l’art, histoire, études religieuses, études littéraires… Voila bien une définition du
champ qui nous conduit à revenir sur l’oeuvre de pionniers, dont l’œuvre scientifique, toujours actuelle, s’est construiteà partir de l’Afrique : Dietrich Westermann, Melville Herskovits et Georges Balandier. Dietrich Westermann (1875-1956) est sans doute le plus grand africaniste de la première moitié du vingtièmesiècle. Missionnaire au Togo (1900-1905), colonie allemande avant la première guerre mondiale, il apprend l’ewe, rédige une grammaire et commence un dictionnaire qu’il mettra près de quinze ans à achever. Il entreprend aussi une œuvre de linguiste comparatiste, classe les langues de l’Afrique et milite pour leur description systématique et leur comparaison. Il ne sépare pas le travail africaniste d’une défense des civilisations africaines, et il voit dans la culture ewe l’une des grandes cultures de l’Afrique. Pour lui, la linguistique mène à l’anthropologie et au développement. Premier président de l’Institut international africain, il incite vivement les Africains à écrire leurs langues. C’est ainsi qu’un pasteur de Ho, au Togo britannique, Kwasi Fiawoo , écrit en 1937 la première pièce de théâtre publiée dans une langue africaine, Toko Atolia (« La cinquième lagune »), traduite peu de temps après en allemand et en anglais. D. Westermann essaie aussi, à sa manière, de combattre les idées racistes qui se diffusent en Allemagne. Il publieAutobiographies d’Africains, ouvrage dans lequel il donne la parole à des intellectuels, des écrivains, des hommes d’Eglise africains, pour qu’ils racontent leur itinéraire. Cet ouvrage, traduit en français en 1943, a été récemment réédité au Togo (2001). Professeur à l’université de Berlin, il demeure à son poste, alors que son fils, pasteur, sera interné dans un camp pour antinazisme. Il part à la retraite en 1953. D.Westermann est le vrai fondateur de lalinguistique africaine moderne. Disciple de Meinhof, il a dépassé son maître par l’ampleur de ses intérêts comparatistes et par son influence internationale. L’ouvrage qu’il rédige avec D. Baumann, Les Civilisations de l’Afrique, paru en 1948, est justement salué comme inégalé dans la recherche africaniste française de la même époque8. Il incarne une approche de la linguistique qui part de la description, mais se fixe pour but la mise par écrit, la traduction, l’entrée dans le monde de l’écriture, de l’alphabétisation, et donc un certain type de développement. Il a ouvert la voie à l’anthropologie linguistique, mais aussi à la fixation et à la littérarisation des langues africaines. Melville Herskovits (1895-1963), fondateur de l’Association américaine d’études africaines (1957) et du premier programme d’études africaines aux Etats-Unis, celui de l’université Northwestern en 1958, est l’un des maîtres de l’anthropologie moderne. Il a rédigé une thèse sur le royaume d’Abomey, avant de s’intéresser à l’apport africain au Nouveau Monde, qui donnera lieu à son ouvrage le plus célèbre : The myth of the Negro past (1941, traduit par L’héritage du noir). Lui aussi veut combattre les préjugés qui enferment les Noirs, américains notamment, dans un statut subalterne. La voie de l’anthropologie culturelle et la notion de relativisme culturel qu’il développe est un moyen puissant pour modifier les mentalités. Son travail théorique a été rassemblé dans un ouvrage, Man and his works (1948) intitulé en français Les bases de l’anthropologie culturelle (1960). Les concepts qu’il y propose, comme ceux de réinterprétation et d’acculturation, sont toujours acceptés aujourd’hui, parfois sous des noms différents, par exemple celui de transfert culturel . La tradition des études africaines inaugurée par Melville Herskovits à Northwestern University est toujours vivante à l’occasion des conventions annuelles de l’African Studies Association (ASA), qui rassemblent des milliers de chercheurs, et auxquelles participent parfois quelques chercheurs français, qui seraient bien avisés de se demander ce qui suscite ce dynamisme : l’association a été à l’origine du développement des programmes d’études africaines aux Etats-Unis. Sait-on qu’il y a aujourd’hui près de 5000 étudiants américains qui étudient en Afrique noire9, soit près de cinq fois le nombre d’il y a dix ans : que viennent-ils chercher aujourd’hui ?L’Amérique était anticolonialiste et généreuse du temps d’Herskovits et de Kennedy, au début des années soixante. Malgré la ségrégation raciale dans le Sud, malgré le Liberia, elle se considérait dégagée de toute responsabilité coloniale en Afrique : c’était pour Melville Herskovits la garantie d’une attitude scientifique plus indépendante de la part des chercheurs américains : on peut comprendre ce point de vue, sans nécessairement le partager ! Les Etats-Unis devaient connaître le reste du monde ; la loi sur la Défense (NDEA) finançait les programmes d’études africaines. Les membres du Corps de la Paix (Peace Corps) apprenaient l’ewe mieux que le français quand ils étaient au Togo. Ils allaient dans les villages alors que les volontaires du Service national (VSN), dont j’étais, enseignaient en ville et recevaient une solde plus élevée, façon comme une autre de les obliger à tenir leur rang. Nous étions sommés d’être dignes par l’attaché culturel, alors que les Américains inventaient leur propre version du costume africain : dashiki,boubou, sandale… Ils n’étaient pas moins visibles que nous, mais ils avaient bonne conscience : ils étaient plus proches d’une certaine version du peuple. De telles prétentions peuvent paraître exorbitantes. Il me semble qu’elles doiventaussi se juger à la qualité et à la quantité des travaux produits et, à cet égard, la position de Melville Herskovits, libérée de la tutelle coloniale et des carcans disciplinaires dans des centres d’aires culturelles, a suscité un très grand nombre de travaux excellents, comme en témoigne encore aujourd’hui la qualité des ouvrages présentés au prix qui porte son nom, jusqu’en 2003. J’ai participé souvent au Congrès de l’association américaine, au cours des trois dernières décennies, et je mesens autorisé à apporter mon point de vue, cela d’autant plus que j’ai ausssi assisté au congrès de 1969 qui devait voir l’association mise en cause gravement, et en quelque sorte renaître. C’était au Quebec, à Montréal, hôtel de la Reine 8E. Coulibaly , in A. Piriou et E. Sibeud (1997 : 95).9International Herald Tribune, 13 novembre 2003.
Elizabeth. Les associations françaises, japonaises étaient invitées à se joindre aux Canadiens et aux Américains. La délégation française comprenait des grands noms de l’africanisme et de la littérature africaine : il y avait YamboOuloguem, Tchikaya U Tamsi et Léon Damas. Côté universitaire : Georges Balandier, Samir Amin, Jacqueline Delange, Gérard Chaliand et beaucoup d’autres ; il y avait aussi la presse : Philippe Decraene, à l’époque chef du service africain du Monde, qui lui donna ce style si particulier de Journal officiel du « pré carré francophone ». Des étudiants participaient aussi et j’étais censé présenter une communication – une première pour moi ! – sur lenationalisme culturel, dans un atelier présidé par Janheinz Jahn, dont je critiquais vivement, dans mon texte écrit, les idées que je considérais fumeuses. J’étais un peu inquiet de ma rencontre, sur un tel thème, avec cet « africaniste »fameux, par ailleurs objet d’une grande notoriété en Amérique depuis l’édition par Random House de son livre, Muntu, déjà traduit en français (Paris, Le Seuil, 1963). Mes craintes étaient vaines : la conférence n’eut pas lieu. La conférence fut soudain bloquée par des militants noirs opposés à la guerre du Vietnam : l’association était, pour eux, un repaire de « vendus » à la CIA. De fait, la fondation Fairfield finançait des revues et des associations en Afrique, à travers leCongrès pour la liberté de la culture. Il n’y eut pas de sessions universitaires mais beaucoup de débats, de disputes, d’explications : j’ai beaucoup appris sur le sens d’un africanisme engagé en pleine guerre froide. Aujourd’hui, je ne condamnerais plus le Congrès pour la liberté de la culture ! « Liberté de la culture » : un beau programme ! Le travail de Georges Balandier sur les religions du Congo, Sociologie de l’Afrique noire, son essai autobiographique, Afrique ambiguë, ont marqué toute une génération de chercheurs qui ont trouvé dans le concept de « situation coloniale » un moyen de comprendre l’étrange dialectique entre culture et domination, dont les effetslittéraires et linguistiques nous occupent. L’Afrique a beaucoup appris à Balandier, mais, à la différence des deux auteurs précédents, il n’a pas souhaité y inscrire son œuvre institutionnelle, bien qu’il ait été l’un des fondateurs du Centre d’études africaines de l’EHESS. Inventeur du terme de « tiers-monde », il n’a pas revendiqué le terme d’africaniste. Une certaine confusion terminologique s’est ensuivie. Alors que son collègue, l’historien Raymond Mauny, militait en 1970 pour la création d’un grand institut d’Afrique, qui faisait selon lui défaut à la France – il avait raison ! –, Georges Balandier a lancé des cohortes d’étudiants dans l’étude des sociétés politiques africaines en plein changement. Seulement, dans le climat intellectuel parisien des années soixante-dix, il était théoriquement plus rentable de disserter sur les luttes de classes au XVIIIe siècle dans les royaumes africains que de faire des « terrains » aux usines Peugeot de Kaduna. Jean-Pierre Dozon explique, avec un sens aigü de l’euphémisme, combien cettehyperthéorisation a détourné de l’Afrique concrète des chercheurs « rendus assez peu attentifs aux déclinaisons proprement étatiques et nationales des intérêts français en Afrique »10. De fait, Georges Balandier a, en partie, abandonné le terrain africain à de brillants idéologues. La cause de la liberté lui était chère, et il espérait seulement que certains disciples n’arriveraient jamais au pouvoir, comme il me le dit un jour, à Bordeaux en 1973, alors que je luifaisais remarquer combien il les citait dans Sens et puissance ! La catégorie universalisante de l’économie a, pour reprendre l’analyse pertinente de J.-P. Dozon, submergé les objets de recherche, aussi bien dans l’histoire que dans l’anthropologie. L’époque suivante a été celle où la catégorie du politique a remplacé la catégorie de l’économique, avec le même dédain pour les questions culturelles… Les années Politique africaineLa création de la revue Politique africaine – « Polaf » pour les initiés –, en 1980, a été la réponse d’une génération de jeunes chercheurs, emmenés par Jean-François Bayard, aux errements théoriques que je viens de mentionner. « Sans sous estimer les contraintes résultant du faible développement et des dominations économiques, j’aimesuré à quel degré l’essentiel dépend du pouvoir. Il reste, plus que l’économie, l’intermédiaire par quoi tout se fait ou se définit, y compris dans la passivité ou le refus11». Georges Balandier a ainsi fait partager sa conviction de la« centralité » du politique à de nombreux chercheurs : beaucoup, au sein de la revue, ont compris « exclusivité », à de rares exceptions près (Jean Copans, Christian Coulon, Denis Martin)... Pour ma part, préoccupé de « textes », j’ai conçu le politique comme un pôle, situé en tension avec le culturel, informant, voire déformant (la langue de bois, l’engagement, l’art officiel) les productions culturelles. L’analyse culturelle est d’abord l’analyse de formes : lamorphologie est la base de cette anthropologie, soucieuse des formes verbales et visuelles. Les plaidoyers pour laculture, le dialogue des cultures, etc., oublient souvent de nous proposer une analyse concrète des productions culturelles des autres. Transcrire, traduire, éditer, reconstituer toute cette chaîne de production du sens est exigeant : la mise en texte du discours de l’autre est le fondement de cette pratique anthropologique. D. Westermann, avec sa passion pour la description et l’écriture des langues orales, son intérêt pour la promotion de l’ewe, était un exemple précieux. La dignité africaine passait par cette dignité des langues : il ne reculait pas devantcette forme de militantisme et cette promotion par l’écriture. L’apport de Melville Herskovits était différent et se plaçait sur le terrain du contact des cultures : la notion de réinterprétation a été essentielle dans ce travail. Les Africains, au Nouveau monde, interprétaient en termes chrétiens des figures de leurs anciennes religions ; un écrivain 10J.-P. Dozon (2003).11G. Balandier (1977: 280).
« anglophone » – Wole Soyinka, par exemple – interprétait des récits yoruba dans ses propres fictions. Les élémentsculturels n’étaient pas des morceaux d’un jeu de lego : ils se modifiaient pour s’insérer dans d’autres ensembles qui leur donnaient sens. Tout était transfert et acculturation. Rien n’était moins culturaliste – au sens de refermé sur la culture ou une culture – que l’anthropologie de Melville Herskovits. Il est vrai qu’il se tenait à l’écart des questions de pouvoir et ce fut la critique que lui adressa Roger Bastide. Seulement la centralité du politique, qui prit le relais de l’économique, en est venue à recouvrir et à occulter la question des formes culturelles dans une partie de l’anthropologie africanistefrançaise. L’africaniste français des années « polaf » est devenu quelqu’un qui ne s’occupe plus que de questions politiques. Le talent et le succès mérité de Jean-François Bayard ont donné une illustration éclatante de cette attitude. Pour beaucoup, dans cette perspective, les questions culturelles et linguistiques n’ont pas de place dans l’africanisme… Or, on ne peut distinguer les questions de francophonie de celles du pouvoir et l’on ne peut comprendre les sociétés sans connaître langues et langages religieux, tout ce que Georges Balandier avait bien montré. Dans l’équipe éditoriale de Politique africaine, j’ai essayé de maintenir ces exigences largement admises par les collègues dans la pratique éditoriale, beaucoup plus difficile à faire passer dans les pratiques universitaires ligotées dans le carcan des corporatismes disciplinaires. De plus, les catégories universalisantes monocolores peuvent fonctionner à plein dans un système totalementcentralisé comme le nôtre ! Les mécanismes du champ intellectuel français, et notamment son extraordinaire concentration à Paris, en particulier autour de la Maison des sciences de l’homme du boulevard Raspail, font que des personnalités comme Georges Balandier pouvaient jouir d’un énorme pouvoir institutionnel : à l’ORSTOM (aujourd’hui IRD), à l’ENS, au CNRS, à l’EPHE, à la Sorbonne… Ne lui échappa que le Collège de France : lesuccesseur de Gurvitch ne pouvait sans doute pas succéder à Raymond Aron. L’anthropologie politique s’est vulgarisée en science politique. Par défiance envers les entreprises politiques de la coopération et de la francophonie, linguistes et anthropologues ont abandonné le terrain aux historiens, plus assurés de leur poids institutionnel, mais ne jurant plus, à de trop rares exceptions (Jean-Pierre Chrétien, par exemple) que par l’histoire économique. L’histoire culturelle a été abandonnée. Il est étrange qu’un Anglais ait produit l’étude la plus pertinente sur l’assimilation au Sénégal12, une Néerlandaise l’histoire politique de ce pays13et une Américaine l’étude sur la culture d’une métropole aussifrancophone que Brazzaville14. Les thématiques de l’histoire culturelle ont disparu alors même que la culture française (langue, mais aussi mode, cuisine, style politique) se répandait dans une partie de l’Afrique. Le grand apport de l’anthropologie culturelle, le relativisme, a été oublié, dans la promotion de la francophonie. Les langues africaines ontété vues comme des vestiges. Anthropologie partagée et mise en texte... La connaissance s’acquiert par la conversation plus que par l’observation. Converser avec les Africains, parler leur langue ou comprendre leur version de la nôtre. Une communauté parlante est une communauté interprétante. Elledemande que le discours de l’autre reçoive le statut de texte, et non celui de donnée. Jean Rouch, dans son œuvre cinématographique et anthropologique, a constitué, sous le signe de l’anthropologie partagée, ce type de savoir appuyé sur l’échange : le texte théorique donné par Jean Rouch dans le volume sur la Notion de personne en Afrique noire(1973) est fondateur d’une autre relation à l’Afrique, dont le cinéma a été la première traduction, mais dont le théâtre, les arts de la performance, la littérature, les arts du verbe peuvent encore vivre aujourd’hui : « Cet ethno-dialogue permanent me paraît l’un des plus intéressants biais de la démarche ethnographique aujourd’hui : la connaissance n’est plus un secret volé, dévoré ensuite dans les temples occidentaux de la connaissance, elle est le résultat d’une quête sans fin où ethnographiés et ethnographes s’engagent sur un chemin que certains d’entre nous appellent déjà l’anthropologie partagée15. » Son œuvre, marquée en Afrique par ces films majeurs que sont Moi un Noir et Les Maîtres fous, est pour moi lagrande œuvre de l’africanisme français. Ce que les films nous apportent est le fruit d’une longue conversation entre filmeurs et filmés. Le travail s’inscrit dans l’histoire d’une relation : il peut être l’objet d’une connaissance. Cet apportthéorique du cinéma a une valeur générale : le produit, le film, est tout entier le résultat du processus, de la relation, dela qualité de la conversation. La révolution esthétique et politique que constitue la prise de parole d’un Africain dans un film qu’il commente en son nom propre (Moi un Noir, 1957) signale l’avènement de l’anthropologie partagée : de l’échange verbal sort un autre regard. En parlant on voit les choses différemment. Jean-Luc Godard ne s’y est pas trompé qui fait de ce film l’une des œuvres essentielles de l’histoire du cinéma16. Cette poétique de la relation est le 12M. Crowder (1968).13G. Hesseling (1985).14P. Martin (1995). 15J. Rouch (1973).16J.-L. Godard (1997).
premier moyen de connaissance de l’Afrique : nous sommes loin de la folie et de la passion ! Ou peut-être Jean Rouch a su théoriser sa propre passion… Pas de plus belle reconnaissance de cet apport que l’entretien entre Dobi, la jeune tchadienne, et Depardon, dans son film Afrique comment ça va avec la douleur. Dobi était l’une des héroïnes du filmLa Captive du désert, qui essaie de raconter la captivité de Françoise Claustre. Depardon a failli à sa promesse pendant longtemps en ne montrant pas son film aux villageois, ses acteurs. Il est de retour : Dobi lui fait des reproches, il est gêné, mais il y a entre eux un vrai dialogue. Une mouche se promène sur le visage de Dobi et Depardon ne cesse pas de filmer : dans la fiction il n’y a pas de mouches, mais dans des moments partagés, il y a des mouches ! Dobi, c’est Moi, une Noire, écoutée par le cinéaste. La leçon a été comprise par Depardon, mais l’apport théorique est resté trop confiné dans le domaine du cinéma, alors qu’il a une valeur générale, comme le remarque Karin Barber :« La perspective de recherche entrevue par Jean Rouch a été récemment renforcée par un fort courant théorique dans l'ethnographie américaine et les études de performance. Clifford et Marcus ontproposé que la rencontre ethnographique ne soit pas seulement participante, mais implique l'ethnographe dans une relation de collaboration, ouverte et dialogique avec ses interlocuteurs... La performance est le moyen par lequel les gens réfléchissent sur leur condition, définissent ou se réinventent eux mêmes et leur monde social, et renforcent, résistent ou subvertissent l'ordre socialdominant. Et en même temps le terrain est à sa façon une performance17. » L’africanisme, dans sa définition première, générale, ouverte aux arts et aux langues, a subsisté après les indépendances africaines dans quelques lieux hors norme comme le CNRS, en partie grâce à des individualités. Jean Rouch, Michel Leiris, Pierre Verger, Gilbert Rouget, mais aussi Simha Arom et Maurice Houis étaient au CNRS :l’originalité de toutes leurs recherches consistait en un étroit rapport entre textes et terrains, qu’il s’agisse de cinéma, demusique, de rite ou de poésie. La catégorie universalisante d’africanité n’était justement pas opératoire dans ces travaux parce la diversité des formes culturelles et musicales empêchait toute velléité de discours général.Le terme d’africanisme est opaque chez nous. Amputé dans son extension géographique des études sur l’Ethiopie et de l’égyptologie – qui, comme on le voit de plus en plus, est en relation étroite avec le reste de l’Afrique –, il est aussiprivé de plusieurs disciplines relevant de ce « humanistic field » : les études religieuses, l’histoire de l’art, l’archéologie, mais aussi les études littéraires et linguistiques, en somme tout ce qui justement constitue en partie la force des études éthiopiennes et égyptologiques. En fait, c’est un abus de langage que de considérer comme africanisme les seules disciplines des sciences sociales qui ont utilisé l’Afrique francophone comme laboratoire théorique dans les années soixante-dix. Le terme doit garder son extension interdisciplinaire et non s’appliquer seulement aux sciences sociales. Une telle restriction indue de son usage contribue, de plus, à accroitre l’isolement de la recherche française et ne correspond en rien aux dynamiques nouvelles du continent. Après tout, la créativité religieuse, culturelle, musicale, linguistique fait partie de ces apports africains qu’il convient de comprendre, voire de mettre en valeur. Pourquoi refuser alors une approche plus pragmatique, relevant des « African studies », des études africaines ?Je voudrais dans les pages qui suivent faire revenir dans le champ de nos intérêts quelques-uns des problèmes culturels de ces années, dans ma perspective propre, à travers des acteurs culturels, des lieux, des rencontres quis’ordonnent autour de cette double dimension fondatrice : celle de la conversation et du terrain, celle de l’édition et des textes. Après les catégories universalisantes de l’économie dans les années soixante-dix, puis du politique dans les années « Polaf », la décennie suivante, je crois qu’il faut en revenir aux questions culturelles, en les abordant d’une manière neuve en termes de dialogue, de relation, en termes de performance culturelle. Des travaux originaux issus de cette approche renouvellent les perspectives de l'anthropologie culturelle, comme le livre remarquable de Kelly Askew sur la Tanzanie, Performing the nation: Swahili music and cultural politics in Tanzania (Chicago, 2002) :« Peut-être n'est-ce pas une coincidence si la Tanu débordait de poètes, de danseurs, de musiciens et d'artistes. Et peut-être cela a-t-il quelque rapport avec le fait que la Tanzanie – malgré contradictions et défis – a réussi comme nation là où où beaucoup de ses voisins ont échoué18. » Un imaginaire national, contradictoire, cacophonique, est clairement à l'œuvre en Tanzanie, mais peut-être aussien République démocratique du Congo (RDC), où il expliquerait que le pays n’ait pas éclaté malgré le démembrementde l’Etat : cet imaginaire a un effet politique. Pourquoi certaines sociétés tiennent-elles ensemble, malgré l’effondrement des Etats ? Toute une série de travaux récents portent sur ces phénomènes culturels. Les questions de la musique, de la mode font l'objet de travaux dont les références sont à chercher dans les théories de la performance, c'est-à-dire de la mise en scène d'actes de langage, voire leur effet imaginaire : le texte représenté, énoncé, tel est notre objet de recherche. A la vision holiste du culturalisme, les études de performance substituent des tableaux de la société 17K. Barber, in K. Barber, J. Collins et A. Ricard (1997: xii).18K. Askew (2002 : 290).
faits de multiples actes poétiques, souvent verbaux, dont l'effet social et politique est bien une « performance » culturelle et politique. Elles n’oublient pas les rapports de domination culturelle et l’échange inégal des mots et des images entre le Nord et le Sud, mais elles prennent au sérieux les textes produits par les acteurs culturels, donc sociaux , du Sud. L'oeuvre de Johannes Fabian19, non traduite en français, alors qu'elle porte en grande partie sur le Congo, nous apparaît centrale dans cette recherche, tout comme celle de Karin Barber sur les Yoruba20ou celle de David Coplan sur les Basotho21. Tous ces travaux conduits depuis plusieurs décennies ont renouvelé l’approche des questions culturelles, mais sont restés trop ignorés en France. Le décalage croissant entre les perspectives de ces chercheurs, qui ont renouvelé les études africaines, et l’ignorance française de ces questions, est un sujet d’étonnement et d’inquiétude pour moi : il s’agit d’une forme d’exception culturelle qui n’est en fait qu’un provincialisme germanopratin détestable. Ces travaux constituent le nouveau socle théorique de mon projet, et à mon sens la véritable descendance de D.Westermann et de Melville Herskovits : Karin Barber a reçu le prix Herskovits en 2001 pour son livre The generation of plays. La clé de l'analyse est ici dans l'étude du dialogue et de la relation. Seulement, comment s'y prendre ? La réponse de Karin Barber, de Johannes Fabian et de David Coplan, qui est aussi la mienne, porte un nom : la production et l'étude de textes. Il peut s’agir d’une œuvre picturale, d’un récit de vie, d’une transcription d’entretien. Le point commun méthodologique est l'édition de textes, recueillis sur le terrain, soit enregistrés et transcrits, soit manuscrits, voire publiés et édités. J’ai la faiblesse de penser que cette méthode d’analyse a été délaissée : les recueilsde contes, par exemple, ont servi à illustrer des modèles structuraux ou à constituer des recueils de phonèmes : très peu de textes dans l’anthropologie française ont mis en situation de discours l’Afrique contemporaine, à la façon de Rouch. Les travaux du groupe de Geneviève Calame-Griaule ont porté sur le conte et se sont trop tenus à l’écart de l’Afrique d’aujourd’hui. Où trouver par exemple un recueil de chansons congolaises, transcrites et traduites en français ? On saitque Karin Barber a travaillé sur les Oriki, les devises des Yoruba, avant d'éditer et d'analyser un corpus théâtral ; Johannes Fabian a commencé par éditer les textes produits dans le mouvement religieux de la Jamaa qui suivait les intuitions du père Tempels, auteur de la Philosophie bantoue. Ensuite, Johannes Fabian a édité une pièce de théâtre produite autour d'un proverbe par un groupe de Lubumbashi, Mufwankolo. Aussi bien dans le cas du théâtre yoruba que dans le cas de Mufwankolo, il s'agit de spectacles oraux, dont la mise par écrit relève de l'ethnographe. Cette mise en texte n'est pas une fabrication : elle est seulement l'actualisation de cette textualité virtuelle dont le travail oral nous donne des exemples. De plus, le premier texte édité par Johannes Fabian était en fait le corpus écrit des notes du groupe religieux. Enfin, David Coplan a enregistré et commenté les chants de mineurs sotho. Aussi bien chez les Yoruba que chez les Lushois – gens de Lubumbashi – ou chez les Basotho, que ce soit en yoruba, en kiswahili ou en sesotho, nous avons des textes de l'Afrique contemporaine qui sont les produits de ces performances culturelles, par lesquelles les « gens » réfléchissent sur leur condition, se définissent et se réinventent à l'intérieur de leur monde social. Réfléchir sur la performance, la conversation, le dialogue, c'est d'abord éditer des textes, les commenter, les interpréter. La discipline philologique ressurgit là où l'on ne l'attendait pas : sur le terrain del'ethnographie de la performance ! Je peux aussi considérer que les travaux de Westermann et d'Herskovits, en particulier ont été en partie des travaux d'édition : j'ai mentionné le livre Autobiographie d'Africains, qui met en texte des expériences de vie et invente le genre du récit de vie. D. Westermann voulait donner la parole aux Africains, montrer la diversité de leurs trajectoires et il a produit ces textes. Herskovits s'est intéressé à la culture du royaume d'Abomey et il a organisé le recueil de tous les récits dahoméens, A Dahomean narrative (1966). Tentative pionnière par son ampleur et par la qualité de l'analyse appuyée sur la connaissance ethnographique, à laquelle manque cependant la reconnaissance de la relation impliquée dans le processus de transcription-traduction. L’Afrique offre une spécificité importante pour notre propos : d’avoir été connue et conquise au moment où l’évolutionnisme s’imposait comme théorie scientifique, et donc de s’être vue tout de suite rangée au dernier échelon de l’humanité. Langues, religions, pratiques ont été comprises en fonction de ce schéma interprétatif dont nous avons du mal à nous déprendre. Un projet cohérent de connaissance de l’Afrique unit la démarche anthropologique, sa pratique du terrain, la méthode de l’entretien à la tradition philologique d’édition et de commentaires textuels. De plus, dans maperspective, l’auteur et l’œuvre sont des unités d’analyse que l’on ne peut évacuer. Tel est pour moi le sens d’une démarche africaniste, dont je prétends qu’elle n’a rien à voir avec le culturalisme, non plus qu’avec une quelconque science sociale (au singulier ou au pluriel), mais qu’elle fonde un élargissement des disciplines des Humanités vers un nouveau continent qui a tout l’avenir devant lui. Le grand moment des enquêtes orales est passé : aujourd’hui, les spécialistes des études de textes peuvent aussi trouver en Afrique un terrain pour leur disciplines. Il ne s’agit donc pas de rechercher l’africanité, mais de prendre acte du mépris dans lequel l’Afrique a été tenue, de l’ignorance dont elle estl’objet, des lacunes de nos connaissances, et de répondre à cette situation par une pratique du terrain, entendue commel’état d’esprit qui fait préférer la conversation au questionnaire ! La conversation, puis la transcription, produit les 19J. Fabian (1971 ; 1990 ; 1997).20K. Barber (1991 ; 2000). 21D. Coplan (1994).
documents écrits que nous pouvons éditer, commenter et interpréter. La philologie africaniste a voulu brûler les étapes au début du siècle. Meinhof croyait avoir tout compris parce qu’il n’y avait pour lui que peu à comprendre. Aujourd’hui, nous sommes mieux armés pour commenter et interpréter. Bibliographie Adam Adam Shafi, 1986, Les Girofliers de Zanzibar, Paris , Karthala, ( traduction française de Kasri ya Mwinyi Fuad, Dar es Salaam, 1978) Amselle J.-L. et Sibeud E. (dir.), Maurice Delafosse, entre orientalisme et ethnographie. L’itinéraire d’un africaniste (1870-1926), Paris, Maisonneuve et Larose, 1998. Askew K., Performing the nation : Swahili music and cultural politics in Tanzania, Chicago, Chicago University Press, 2002. Balandier G., « Littératures de l’Afrique et des Amériques noires », dans Raymond Queneau (dir.), Histoire des littératures 1, Encyclopédie de la Pléïade, Paris, Gallimard, 1955, p. 1537-1567. Balandier G., Sociologie actuelle de l’Afrique noire, Paris, PUF, 1955. Balandier G., Afrique ambiguë, Paris, Plon, coll. « Terre humaine », 1957. Balandier G., La vie quotidienne au Royaume de Kongo, Paris, Hachettte, 1965. Balandier G., Sens et puissance, Paris, PUF, 1973. Balandier G., Histoires d’autres, Paris, Stock, 1977. Balandier G., Civilisés, dit–on, Paris, PUF, 2003. Barber K., “Popular Arts in Africa”, African Studies Review, 30 (3), I987 , p. 1-79. Barber K., I could speak until tomorrow. Oriki , women and the past in a Yoruba town, Edimbourg, Edimbourg University Press et International African Institute, 1990. Barber K., Collins J. et Ricard A., West African popular theater, Bloomington, Indiana University Press, 1997. Barber K., The generation of plays, Yoruba popular life in theater, Bloomington et Oxford, Indiana University Press etJames Currey, 2000. Bastide R., « Mémoire collective et sociologie du bricolage », L'Année Sociologique, vol. 21, 1970, p. 65-108 ;reproduit dans Bastidiana, n° 7-8, juillet-décembre 1994, p. 209-242. Bauman R. et Briggs C.L., « Poetics and performance as critical perspectives on language and social life », AnnualReview of Anthropology, 19, 1990, p. 59-88. Baumann H. et Westermann D., Les peuples et les civilisations de l’Afrique, suivi de Les langues et l’éducation, Paris, Payot, 1962. Bayart J.-F., L’Etat en Afrique. La politique du ventre, Paris , Fayard, 1989. Bureau J., Marcel Cohen et ses successeurs, ou cent ans d’études éthiopiennes en France, Addis-Abeba, Maison des études éthiopiennes, ambassade de France en Ethiopie, 1997. Chrétien J.-P., Le défi de l’ethnisme. Rwanda et Burundi (1990-1996), Paris, Karthala, 1997. Chrétien J.-P. (dir.), Rwanda, les media du génocide, Paris, Karthala, 2002. Copans J., La longue marche de la modernité africaine, Paris, Karthala, 1998 (2e éd. augmentée). Coplan D, In Township tonight !, Musique et théâtre dans les villes noires d'Afrique du sud, Paris, Karthala, I992 (1e éd. 1985). Coplan D., In the time of cannibals. The word music of South Africa’s Basotho migrants, Chicago, University ofChicago Press, 1994. Crowder M., Senegal : a study of French assimilation policy, Londres, Methuen, date. de La Guérivière J., Les fous d’Afrique : histoire d’une passion française, Paris, Seuil, 2001. Depardon R., Afrique , comment ça va avec la douleur, film documentaire, 1996, 2h45. Dozon J.-P., Frères et sujets : la France et l’Afrique en perspective, Paris , Flammarion, 2003. Fabian J., Jamaa. A charismatic movement in Katanga, Evanston, Nothwestern University Press, 1971. Fabian J., Language and colonial power. The appropriation of Swahili in the former Belgian Congo, Cambridge, Cambridge University Press, 1986. Fabian J., Power and performance: Ethnographic explorations through proverbial wisdom and theater in Shaba, Zaire, Madison, the University of Wisconsin Press, 1990. Fabian J., Remembering the present. Paintings and popular history in Zaire, Berkeley, University of California Press, 1996. Falgayrettes-Leveau C. (dir.), Arts d’Afrique, Paris, Musée Dapper/Gallimard, 2000. Falgayrettes-Leveau C. (dir.), Parures de tête. Hairstyles and headdresses, Paris, Musée Dapper, 2003. Fiawoo K.F. « Toko Atolia », Mitteilungen der Ausland-Hochschule an der Universität Berlin, Afrikanische Studien 3, 1937, p. 1-53.
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