Constantin Brâncuşi (19 février 1876 - 16 mars 1957) est le plus célèbre sculpteur roumain, né à Hobiţa, Gorj, près de Târgu Jiu. Brâncuşi étudia les arts à l'école des Arts et des Métiers de Craiova de 1894 à 1898 puis à l'école nationale des Beaux-Arts de Bucarest de 1898 à 1901. Voulant compléter sa formation à Paris, il y arrive en 1904 et s'inscrit à l'École nationale supérieure des beaux-arts en 1905.
Biographie
En tant qu'étudiant d'art, il fut influencé par Auguste Rodin, mais son style s'est transformé au-delà de la représentation naturaliste vers des formes stylisées élégantes. Brâncuşi était un des premiers sculpteurs à expérimenter l'art abstrait (bien que, de son point de vue, il ne fit jamais de « l'abstraction pure »). Ses sculptures sont devenues progressivement plus lisses et moins figuratives, jusqu'à ce que subsiste seul le contour le plus nu du sujet original, osant s'éloigner encore plus de la sculpture figurative que son compatriote et contemporain Dimitriu Paciurea.
Dès 1907, il réalise une première version du baiser, en totale opposition avec l'œuvre de Rodin. Il en réalisera plusieurs autres versions.
En 1910, il reçoit une première commande pour le monument funéraire d’une jeune femme russe qui s’est suicidée par amour, Tatiana Rachewskaïa. C’est sur sa tombe qu’il installe, l’année suivante, Le Baiser, au cimetière du Montparnasse à Paris.
Brâncuşi a produit une série de sculptures en métal appelées « oiseau dans l'espace ». Edward Steichen, un photographe, acheta un de ces oiseaux en 1926 et essaya de l'introduire aux États-Unis. Suivant le Code des douanes des États-Unis, les œuvres d'art peuvent être importées dans le pays en franchise de frais de douane. Mais les douaniers refusèrent d'accepter l'oiseau comme « œuvre d'art » et évaluèrent le droit de douane à 600 USD le classant comme pale d'hélice. Un procès annula l'estimation en 1927[1].
La porte du baiser à Tirgu JiuEn 1935, la Ligue nationale des femmes du Gorj, qui souhaitait ériger un monument aux héros de la patrie tombés pendant la Première Guerre mondiale, lui commande un ensemble monumental. Il le réalise entre 1937 et 1938, à Târgu-Jiu ; l'ensemble, comprenant la Table du silence, la Porte du baiser et la Colonne sans fin, est destiné à évoquer, le long d'un trajet rituel, les moments essentiels de la vie.
Cet ensemble a été proposé au Patrimoine Mondial de l'Unesco en 1991.
Constantin Brâncuşi a vécu et travaillé de 1925 à 1957 dans son atelier, situé dans l'impasse Ronsin, dans le XVe arrondissement de Paris. L'atelier original a disparu et a été reconstitué près du centre Georges-Pompidou.
Constantin Brâncuşi est mort le 16 mars 1957 et a été enterré au cimetière du Montparnasse .
↑ Pour l'histoire et les enjeux de ces procès ainsi que la question de la définition de l'art par le droit, voir Bernard Edelman, L'Adieu aux arts. 1926 : L'affaire Brancusi, 2001 ; voir aussi les minutes du procès dans Brancusi contre Etats-Unis, un procès historique 1928 (Cf. bibliographie ci-dessous).
Brâncuşi photographe
L'atelier de Brâncuşi sera lui-même une œuvre d'art à part entière. L'artiste expose dans son atelier. Chaque œuvre occupe une place bien définie. Déplacer une seule de ces œuvres serait pour lui rompre l'harmonie qui règne dans ce lieu. C'est pourquoi, les photographies prises par l'artiste dans son atelier sont un apport inestimable pour la compréhension de son œuvre .
Où voir ses œuvres
Deux musées rassemblent des collections importantes :
le musée d'art moderne de New York
le musée national d'art de Bucarest
On peut admirer aussi l'atelier de Brâncuşi au Centre Pompidou à Paris ou à Târgu Jiu en Roumanie, où se trouve un parc avec 3 de ses plus importantes créations (la Colonne sans fin, La Porte du Baiser, La table du Silence) ou le Musée d'Art de Craiova.
Citations
Après un mois en tant qu'assistant dans l'atelier de Rodin, il s'en va.
Il ne pousse rien à l’ombre des grands arbres.
Les choses ne sont pas difficiles à faire; ce qui l'est, c'est de se mettre en état de les faire.
Quand nous ne sommes plus des enfants, nous sommes déjà morts.
Bibliographie
Constantin Brancusi Photographe (texte de Elizabeth A. Brown), Éditions Assouline, Paris, 1995, (ISBN 2-908228-23-8)
Brancusi contre Etats-Unis, un procès historique 1928 (Préface de Margit Rowell, postface et fortune critique André Paleologue, trad. Jocelyne de Pass), Adam Biro, Paris, 1995, (ISBN 2-87660-164-8)
Doina Lemny, Constantin Brancusi, Editions Oxus, Paris, 2005.