Exposition « Mumuye »
ART GALLERY L'OEIL ET LA MAIN
41 RUE DE VERNEUIL 75007 PARIS
EXPOSITION DU 2 NOVEMBRE AU 6 DECEMBRE 2009
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Le Nigéria demeure l'un des pays africains les plus dynamiques en matière de production artistique, et ce dans tous les domaines. C'est à la sculpture nigériane et à ses artistes que la galerie L'Oeil et la Main a choisi de rendre hommage, à travers l'exposition "Mumuye". C'est
une vision à la fois globale et diversifiée de l'esthétique mumuye qui est proposée aux visiteurs et aux collectionneurs, à travers la présentation d'une quinzaine de pièces d'une grande qualité plastique.
Le groupe ethnique des Mumuye est situé au Nord-Est du Nigéria et se compose de sept sous-groupes aux coutumes et aux croyances distinctes. Leur origine commune se situerait, selon la tradition orale, plus au Sud du pays. Du fait de la difficulté d'accès à leurs territoires, les Mumuye ont longtemps été préservé de toute influence extérieure, jusqu'à leur soumission définitive aux Anglais dans les années 1950. En effet leur premier contact avec les Européens date de 1892, quand ils prêtèrent main forte au Jukun dans leur lutte contre les Fulani, eux-mêmes armés par les Français.
Les Mumuye vouent un culte au Vabo, c'est à dire aux divinités intermédiaires agissant entre les êtres humains et le dieu suprême La, associé au soleil. La statuaire mumuye a connu un grand succès parmi les amateurs d'art africain à partir des années 1960, même si certaines pièces mumuye sont parfois attribuées à des groupes voisins, comme les Chamba. La statuaire mumuye, arrivée en masse sur le marché de l'art primitif dans les années 1970 en raison de l'abandon progressif des pratiques religieuses auxquelles elle était rattachées, ne représente pas les ancêtres mais incarne des esprits tutélaires.
Appelées iagalganga ou supa, utilisées individuellement, elles jouent un rôle de protection personnelle. Les plus importantes sont conservées dans des enclos sacrés soumis à un certain nombre d'interdits et jouent le rôle de gardien tutélaire du lignage. Les plus grandes sont aussi utilisées dans la divination, la médecine ou sont dépositaires de la vérité et de la justice. La principale caractéristique de la statuaire mumuye, unique dans l'art africain, est l'ajourage systématique entre les corps et les bras qui forment une volute ou une spirale autour du buste mince et cylindrique. L'accent est mis sur l'aspect longiligne du corps, les statues masculines étant plus ramassée que la statuaire féminine. Représentées debout, bras le long du corps, ces statues expriment d'abord l'ordre et la stabilité. Mais une impression de mouvement, rare dans la statuaire africaine, est indiquée par le jeu dynamique des bras.
Les masques sont quand à eux utilisés dans le contexte de l'initiation ou durant les cérémonies précédant les départs en campagne militaire. Les masques mumuye sont particulièrement appréciés pour leur grande expressivité, rendue notamment grâce à leurs grands yeux tubulaires.
Présentant à la fois des masques et des statues de différents types, l'exposition "Mumuye" propose aux amateurs et aux collectionneurs de découvrir ou redécouvrir la production artistique exceptionnelle de ce groupe ethnique important dans l'histoire de l'art africain.
informations sur les mumuyé
Les Mumuye vivent au Nord est du Nigeria entre les villes de Jalingo et de Zinna, dans une région comprise entre la boucle de la Benoué et la frontière camerounaise où les premières traces d'activité humaine datent de 39 000 ans.
Estimés à 400 000 individus, ce sont des cultivateurs de sorgho, de millet et d'ignames. Ils se divisent en 7 sous groupes aux coutumes et croyances distinctes : les Pugu, un groupe sans dénomination au nord de leur région, les Yoro, les Rang, les Zinna, les Yakoko, les Gola.
Leurs langues présentent peu de différences. Ils parlent une langue adamawa qui appartient au groupe linguistique Niger-Congo Ils se reconnaissent une origine commune sans doute située plus au sud, ayant subi les mouvementsde population suscités par les jihads fulani.
Les Mumuye accordent une importance particulière au maître de la pluie du village de Yoro, leur autorité religieuse suprême. Leur culte principal est celui du Vabo qui désigne des divinités intermédiaires entre le dieu suprême La qui est identifié au soleil et les êtres humains.
Dépourvus de pouvoir royal, les Mumuye sont organisés en système de classe d'âge ( chaque classe d'âge fait exécuter un masque, nommé va ou vabou, représentant un animal qui symbolise son identité collective)et se choisissent un chef de village assisté d'un conseil des anciens.L'initiation des garçons a lieu vers 10 ans et se déroule dans une case appelée Tsafi.
Grâce à l'accès difficile de leur pays, formé d'une chaîne montagneuse et de savane, les Mumuye sont restés à peu près isolés jusqu'en 1950, époque où ils ont été définitivement soumis par les Anglais. , Leur premier contact avec des européens date en fait de 1892.
On a découvert la statuaire Mumuye dans les années 1960, grâce notamment aux chercheurs Arnold Rubin et Albert Maesen. Une entrée au British Museum est signalée dès 1922, mais est attribuée à une autre ethnie, les Chamba. C'est la guerre de sécession dans le sud Nigeria dans les années 67-70 et l'abandon des pratiques religieuses qui provoquent une arrivée massive de statues Mumuye en France. Il est estimé qu'il subsiste environ 500 statues authentiques.
Ces statues appelées iagalganga ou supa, ne représentent par les ancêtres mais incarnent un esprit tutélaire. Si l'usage rituel des masques est collectif, celui des statues est individuel. Elles sont conservées dans le Tsafi ainsi que dans des enclos familiaux qui appartiennent à des personnages influents : guérisseur, devin, faiseur de pluie ou de tonnerre, forgeron.
Comme le Tsafi, les cases du maître de la pluie et du forgeron sont interdites aux femmes. Elles renferment les objets nécessaires aux rituels de la pluie. Un poteau surmonté d'une tête sculptée, placé au centre du village, rappelle les statues.
La possession de statues renforce le statut et le prestige du propriétaire qui le tenant dans les mains, dialogue avec elles et assure ainsi sa protection personnelle.
Elles jouent le rôle de gardien tutélaire du lignage, mais sont aussi utilisées dans la divination( où le suc d'une plante répandue sur elles est censé libérer leur faculté de parole), la médecine (elles garantissent le bien être et la santé de la communauté, notamment en cas d'épidémie de variole).
Dépositaires de la vérité et de la justice, elles sont consultées dans les ordalies où les hommes en conflit jurent sur la statue qu'ils embrassent.
Leur taille varie de 30cm à 1,50m mais la moyenne se situe entre 70cm et 90cm. La patine est obtenue grâce à un enduit à base d'huile ou de cire et la couleur varie du brun foncé au plus clair. Leur aspect grisâtre est dû à la poussière accumulée. La statue peut avoir des ajouts : bracelets, chaînes?
Leur principale caractéristique, unique dans l'art africain, est l'ajourage systématique entre les corps et les bras qui forment une volute ou une spirale autour du buste mince et cylindrique qui forme une colonne.
Le sculpteur part d'une bûche de bois et dégage une bande qui sera l'extrémité des bras puis il évide entre le torse et les bras, très allongés constitués de plans et de courbes.
Les jambes sont courtes ( dans le style dit trapu, un autre style existe avec des jambes plus allongées), elles sont souvent marquées d'entailles et servent de support à la statue, leur taille est proportionnelle à celle de la tête. Celle ci de petite taille, de forme ovale est surmontée de diverses coiffures stylisées. La tête peut être stylisée jusqu'à se réduire à une sorte de bec sortant de la coiffe.
Le sexe est rarement représenté. Ce sont les oreilles aux lobes distendus de part et d'autre du cou qui indiquent l'appartenance au sexe féminin d'une statue. Les formes varient d'un village à l'autre.
Ce système de répétition des plans et des volumes implique deux surfaces bien délimitées qui s'opposent l'une à l'autre comme ascendante/descendante et concave/convexe. La statuaire masculine est plus ramassée, la féminine prend plus possession de l'espace.
Représentées debout, bras le long du corps, ces statues expriment d'abord l'ordre et la stabilité. Cependant, le jeu dynamique des bras autour du corps procurent une impression de mouvement, assez peu répandue dans l'art africain. Les chefs d'?uvres Mumuye recèlent tant une audace plastique qu'une immense impression d'énergie.
La statuaire Mumuye a disposé d'une faible période de maturation. La grande majorité des statues étudiées semblent avoir été créées à la même époque entre 1840 et 1930. Aucune statue plus ancienne n'a été jusqu'à aujourd'hui retrouvée.
Le sculpteur, rati ou molabaeine, n'a pas de statut particulier comme le forgeron et ne transmet son métier à son fils. Il l'apprend chez un autre sculpteur moyennant une rétribution. Il fabrique également des manches de hache, des sièges, des cuillères et des tambours et exerce souvent un autre métier : tisserand ou guérisseur. 3 artistes Mumuye sont connus ( Lenke de Zinna, Nyavo de Panti Lapo et Musa Dafe de Dafe) sans que pour autant des ?uvres puissent leur être attribuées.
Cette synthèse très "pointue" a été réalisée à partir des différents textes mentionnés dans la bibliographie ci-dessous par un visiteur du site qui me l'a envoyée par e-mail. Je me permets de la reproduire ici avec son accord. Merci à Raphaël P. !
Bibliographie sommaire.
H.JOUBERT, " Mumuye ", in Arman et l'art africain, Réunion des Musées Nationaux, 1996.
J.KERCHACHE, J-L.PAUDRIAT, L.STEPHAN, " Mumuye ", in L'art africain, Mazenod
P.FRY, " essai sur la statuaire Mumuye ", in Objets et Mondes, Musée de l'Homme1970.
A.RUBIN, " Figure Mumuye ", in Vingt cinq sculptures Mumuye, Ed J.Fry, Musées Nationaux du Canada.
B.de GRUNNE, " Une main de maître Mumuye de l'est du Nigeria " in Mains de maîtres, BBL
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