Pablo Ruiz Picasso, né à Málaga, Espagne, le 25 octobre 1881 et mort le 8 avril 1973 à Mougins, France, était un peintre, dessinateur et sculpteur espagnol. Fondateur du cubisme avec Georges Braque, compagnon d'art du surréalisme, il fut l'un des artistes majeurs du XXe siècle.
Biographie
Pablo Picasso était le premier enfant de Don José Ruiz et Maria Picasso Lopez. Son nom complet était Pablo Diego José Francisco de Paula Juan Nepomuceno María de los Remedios Cipriano de la Santísima Trinidad Mártir Patricio Ruiz y Picasso[1]. Le nom de Picasso, qui n'est pas en fait très espagnol, serait d'origine italienne. Un de ses arrière-grand-pères est né à Sori dans la région de Gênes[1]. Le père de Picasso était peintre et professeur de dessin à l'école de Málaga appelée « San Telmo ». Pablo avait deux sœurs mais aucun frère.
En 1891, la famille Ruiz-Picasso s'installe à La Corogne. Don José, le père, est nommé professeur à La Lonja de Barcelone, en 1895.
Premières peintures
Picasso a ainsi commencé la peinture dès son plus jeune âge, et il réalise ses premiers tableaux à huit ans, dont le Picador (1889), sa première peinture à l'huile, dont il refusera toujours de se séparer.
L'artiste ne signera plus ses toiles du nom de Ruiz Blasco mais de celui de Picasso à partir de 1901
Pendant l'été 1895, Pablo découvre Madrid et Barcelone. Il passe ses vacances à Malaga et revient par la mer à Barcelone. À cette occasion, il réalise des marines du voyage. C'est durant l'hiver 1895, qu'il réalise sa première grande toile académique : la Première Communion. En 1895, il entre à l'école des Beaux-Arts de Barcelone. Signant d'abord du nom de son père, Ruiz Blasco, il choisit finalement d'utiliser le nom de sa mère, Picasso, à partir de 1901. C'est en 1896, qu'il peint Science et Charité. Durant l'été, il passe, de nouveau, ses vacances à Malaga. Picasso y peint des paysages et des corridas.
En septembre 1897 il part pour Madrid et triomphe, en octobre, au concours d'admission de l'Académie San Fernando.
Il revient à Barcelone en juin 1898, puis part pour Horta, le village de son ami Pallarès, situé au sud de l'Ebre, près de la ville de Gandesa. En février 1899, il est de nouveau de retour à Barcelone, où il s'intègre au milieu du cabaret Els Quatre Gats, café phare de la bohème, et fait la connaissance de Jaime Sabartés et de Carlos Casagemas. Picasso exposera le 1er février 1900 à Els Quatre Gats.
Il part pour Paris avec Casagemas, en octobre, s'installe dans l'atelier de Nonell à Montmartre, rencontre le marchand Pedro Manach et Berthe Weill et vend quelques pastels à des amateurs[2]. Il rentre à Barcelone le 20 décembre, avec Casagemas que Picasso emmène avec lui jusqu'à Malaga pour le sortir de sa mélancolie[2].
À la mi-janvier 1901, Picasso part pour Madrid. Le 17 février, Casagemas, après avoir tenté de tuer son amante Germaine qui était une danseuse volage du Moulin rouge, se suicide à Paris[2]. Picasso, bouleversé par la mort de son ami peindra un tableau clé La Mort de Casegemas[3] dont il dira qu'il a conditionné grandement son passage à la période bleue[4], empreinte de douleur, tristesse et faisant référence aux grands maîtres espagnols. En avril 1901, il retourne à Barcelone, puis, en mai, il repart à Paris et s'installe au 130 ter boulevard de Clichy, où Casagemas avait son atelier.
Période bleue
La période bleue correspond aux années 1901-1904 : ce nom vient du fait que le bleu est la teinte dominante de ses tableaux de cette époque, qui a débuté avec le suicide de son ami Carlos Casagemas, ce qui explique qu'elle soit marquée par les thèmes de la mort, de la vieillesse et de la pauvreté, mais ne l'empêche pas d'être satirique. Le premier tableau de cette période fut "la mort de Casagemas" inspiré de la mort de son ami espagnol. Les pauvres, les mendiants et les aveugles sont largement décrits dans les tableaux de cette époque : Dama en Eden Concert (1903), La Vida (1903), Las Dos hermanas (1904). On peut ajouter que Picasso en peignant ses tableaux exprime la mélancolie.
La période rose (voir ci-dessous) sera, elle, nettement plus gaie : il utilisera des couleurs telles que le rouge et le rose.
Entre le 25 juin et le 14 juillet 1901, Picasso et Iturrino font une exposition à la galerie Vollard, à Paris. Picasso fait la connaissance du poète Max Jacob. Pendant l'hiver, il peint Autoportrait bleu (Paris, Musée Picasso).
Fin janvier 1902, il se rend à Barcelone. La galerie Berthe Weill, expose du 1er au 15 avril des œuvres de Lemaire et de Picasso. Il revient à Paris en octobre avec Sébastien Junyer. Et il montre pour la première fois ses toiles bleues du 15 novembre au 15 décembre dans une exposition de groupe chez Berthe Weill.
En janvier 1903, Picasso est de nouveau à Barcelone. Au printemps, il débute la toile La vie (Cleveland Museum of Fine Arts).
Période rose (1904-1906)
À partir de 1905, il s'installe à Paris, au Bateau-Lavoir, dans l'atelier laissé par Paco Durrio. Là, il rencontre sa première compagne : Fernande Olivier. C'est le début de la période rose. Comme précédemment, c'est l'utilisation des teintes « rougées » qui explique cette dénomination. Les thèmes abordés sont la joie et l'inquiétude existentielle. Il reste mélancolique et dominé par l'amour ; on y trouve aussi de nombreuses références au monde du zoo et du cirque. Il peint des masques, arlequins, dompteurs et clowns. Picasso privilégia pendant cette période le travail sur le trait, le dessin, plutôt que sur la couleur... C'est aussi l'époque des maternités roses.
Picasso fait la connaissance de Guillaume Apollinaire et d'André Salmon.
Du 25 février au 6 mars 1905, Picasso expose à la galerie Serrurier, ses premières toiles roses. Au printemps, il peint Les Saltimbanques (Washington, National Gallery). Pendant l'été, il fait un séjour à Schoorl en Hollande, et y peint les Trois Hollandaises (Paris, Musée National d'Art Moderne, dépôt au Musée Picasso).
En automne, il rencontre Gertrude et Leo Stein. On commence à trouver dans ses toiles le thème de la mort d'Arlequin. Gertrude Stein le présente à Matisse, pendant l'hiver 1906. Le galeriste Ambroise Vollard achète la plupart des toiles roses en mars. En mai, il part avec Fernande Olivier pour Barcelone, puis durant l'été à Gósol, village isolé de haute-Catalogne. Ce séjour aura un impact majeur dans l'œuvre de Picasso, dont les peintures et les carnets de Gósol marquent les prémices de sa révolution cubiste de l'année suivante. Le thème des deux frères apparaît.
Le portrait de Gertrude Stein ( New-York, Museum of Modern Art), commencé en hiver, est enfin achevé grâce à une peinture de Cézanne, "Madame Cézanne à l'éventail" que Gertrude Stein avait acquise au salon d'automne en 1904.
Influences africaines
La période de Picasso sous influence africaine (1907-1909) est marquée au début par les deux figures du côté droit des Demoiselles d'Avignon, qui ont été inspirées par les masques africains que Picasso possédait.
Cubisme
De 1907 à 1914, il réalise avec Georges Braque des peintures qui seront appelées «cubistes». Elles sont caractérisées par une recherche sur la géométrie et les formes représentées : tous les objets se retrouvent divisés et réduits en formes géométriques simples, souvent des carrés. Cela signifie en fait qu'un objet n'est pas représenté tel qu'il apparaît visiblement, mais par des codes correspondant à sa réalité connue. Le cubisme consiste aussi à représenter sur une toile en deux dimensions un objet de l'espace. Picasso décompose l'image en multiples facettes (ou cubes, d'où le nom de cubisme) et détruit les formes du réel pour plonger dans des figures parfois étranges (comme une figure représentée sur une moitié de face, et sur l'autre de côté ). Cette technique, initiée par Picasso et Braque, fit de nombreux émules tels que Juan Gris, Francis Picabia, Brancusi, les Delaunay, Albert Gleizes.
L'œuvre fondatrice du cubisme est Les Demoiselles d'Avignon. Cette peinture fut commencée pendant l'hiver 1906-1907, et achevée début juillet 1907.
Au début de l'été, Daniel-Henry Kahnweiler fait une première visite au Bateau-Lavoir. En octobre, a lieu une rétrospective Cézanne au Salon d'automne. Pendant l'hiver 1908, Picasso peint L'Amitié (Leningrad, Ermitage), Nu debout (Boston, Fine Arts Museum). Il séjourne à la Rue-des-Bois, village à 60 km au nord de Paris, durant l'été et en octobre, il propose la version définitive des Trois femmes (Leningrad, Ermitage).
En mai 1909, Picasso va à Barcelone, et à Horta de Ebro avec Fernande Olivier. Là, il peint les Paysages (New-York, Museum of Modern Art). À Paris, en septembre, il déménage au 11 boulevard de Clichy, et réalise des sculptures : Tête de Fernande (Paris, Musée Picasso). En 1910, il fait les portraits d'Ambroise Vollard (Moscou, Musée Pouchkine), de Uhde (St.Louis, Collection Pulitzer) et de Daniel-Henry Kahnweiler (Chicago, Art Institute). Picasso part pour Céret, village de Catalogne française, en juillet 1911. Fernande Olivier et Braque le rejoignent en août. Le 5 septembre, il rentre à Paris. Picasso est absent de la salle cubiste au Salon d'automne qui commence le 1er octobre.
À l'automne, entre dans sa vie, Eva Gouel, qu'il appelle « Ma jolie » dans plusieurs de ses toiles.
Les premiers collages et les premiers assemblages sont réalisés pendant l'hiver 1912, Nature morte à la chaise cannée (Paris, Musée Picasso), Guitare(s) en carton (Paris, Musée Picasso). Le 18 mai, il part de Céret pour Avignon et le 25 juin s'installe à Sorgues. Il déménage 242 boulevard Raspail. Picasso et Daniel-Henry Kahnweiler signent le 18 décembre une lettre-contrat. Vers le 10 mars 1913, il va avec Eva Gouel, à Céret. Le Verre d'absinthe est peint au printemps 1914. Après le départ pour Avignon, en juin, il fait un retour au portrait, en juillet. Éva meurt le 14 décembre 1915.
Trois formes de cubisme émergent : le précubisme, ou cubisme cézannien, le cubisme analytique et le cubisme synthétique.
Les Ballets russes
Pendant la Première Guerre mondiale, Picasso séjourne à Rome avec Jean Cocteau, à partir du 17 février 1916. Il s'installe Via Margutta, d'où il voit la Villa Médicis. Outre de nombreux portraits dessinés, il peint L'Italienne, L'Arlequin et femme au collier. En mai, Cocteau présente Diaghilev à Picasso. Il travaille comme décorateur pour le ballet Parade de Léonide Massine et les Ballets russes de Serge de Diaghilev, sur une musique d’Erik Satie. Il rencontre Stravinski et la danseuse Olga Khokhlova qui devint sa femme. Dans une veine décorative, Picasso réalisa plusieurs portraits d’elle et de leur fils (Paul en Pierrot en 1925).
Fin mars 1917, il voyage à Naples et à Pompei et revient à Paris, fin avril. Le 18 mai, la première de Parade a lieu au Châtelet. Puis en juin, Picasso part pour Madrid avec la troupe de Diaghilev et Olga, et le 12 juillet, un banquet est offert en son honneur à Barcelone.
Du 23 janvier au 15 février 1918, Picasso expose avec Matisse chez Paul Guillaume. Il se marie avec Olga à l'église russe de Paris, le 12 juillet. Cocteau, Max Jacob et Apollinaire sont les témoins. Pendant un séjour à Biarritz, il peint Les baigneuses (Paris, Musée Picasso).
En mai 1919, Picasso part pour Londres travailler au ballet Le Tricorne sur une musique Manuel de Falla. Pendant l'été, il séjourne à Biarritz chez Mme Errazuriz puis s'installe avec Olga à Saint-Raphaël (Côte d'Azur).
Son fils Paulo naît le 4 février 1921 . Durant l'été, il s'installe avec Olga et Paulo à Fontainebleau. Il y peint les Femmes à la fontaine (Paris, Musée Picasso et New-York, Museum of Modern Art) et Les trois musiciens (New-York, Museum of Modern Art et Philadelphie, Museum of Art). En juin 1922, lors d'un séjour à Dinard (Bretagne, Côte de la Manche), il peint Deux femmes courant sur la plage (La course) (Paris, Musée Picasso). Puis, en décembre, il réalise le décor pour L'Antigone de Cocteau, créée par Charles Dullin au Théâtre de l'Atelier. En 1923, il fait un nouveau séjour estivale sur la Côte d'Azur (Cap d'Antibes) et peint La flûte de Pan (Paris, Musée Picasso). Et c'est en 1924, en été, alors qu'il se trouve à la villa La Vigie à Juan-les-Pins (Côte d'Azur), qu'il fait son Carnet de dessins abstraits et qu'il peint Paul en arlequin (Paris, Musée Picasso).
Pendant cette période des années 1920, dans un climat de reconnaissance mondaine, il peignit des tableaux marqués par un retour à la figuration et au classicisme : Trois Femmes à la fontaine (1921), et des œuvres inspirées par la mythologie comme les Flûtes de Pan (1923).
Surréalisme
L’année 1925 fut celle d’une rupture radicale dans la production du peintre. Il peignit des tableaux très violents montrant des créatures difformes, convulsives, prises dans les rets d’une rage hystérique : Femme dans un fauteuil (1926) et Baigneuse assise (1930). L’influence des poètes surréalistes fut indéniable dans cette volonté de dépeindre de l’intérieur l’enfer personnel. Cependant il adoptait une approche plus pragmatique que celle du « rêve calqué sur la toile » des surréalistes.
En juin-juillet 1925, il achève La Danse et peint Le Baiser. Le 14 novembre, il participe à la première exposition surréaliste de la Galerie Pierre. En 1926, il peint le Peintre et son Modèle, qui marque sa rencontre avec Marie-Thérèse Walter à la fin de cette année, alors qu'elle est encore mineure[5],[6]. Il réalise les Guitare(s) à clous.
Il exécute le grand collage du Minotaure en janvier 1928. Picasso a besoin alors d'une aide technique, notamment pour la réalisation des maquettes du Monument pour Guillaume Apollinaire dont il a reçu commande en 1922. Quelques années auparavant il avait renoué son amitié avec le ferronier et sculpteur catalan Julio González, rencontré à Barcelone du temps d'Els Quatre Gats, et vivant comme lui à Paris depuis 1900. Picasso s'adresse naturellement à lui, et ils entameront, de l'automne 1928 jusqu'en juillet 1932, une fructueuse collaboration technique autour des sculptures en fer forgé et soudé[7]. C'est au printemps 1929 qu'il sculpte en fer soudé La Femme au jardin dans l'atelier de González, qui par la suite réalisera le bronze en 1932. C'est l'année aussi de ces dernières vacances à Dinard. Il peint le Grand nu au fauteuil rouge, et en février 1930, Crucifixion. À l'automne 1930, Marie-Thérèse déménage au 44, rue de la Boétie. Il achète le château de Boisgeloup, près de Gisors, 80 km au nord-ouest de Paris, en juin, et s'y installera jusqu'à la fin de 1932.
Deux figures au bord de la mer est peint en janvier 1931, et en mars, Nature morte sur un guéridon. Cette année-là, voit également l'édition de deux livres majeurs : Les Métamorphoses d'Ovide (Lausanne, Skira) et Le Chef d'œuvre inconnu de Balzac (Paris, Ambroise Vollard).
En 1932, Jeune fille devant le miroir est finie. Une rétrospective à la galerie Georges Petit, puis au Kunsthaus de Zurich, a lieu en juin. Picasso travaille à Boisgeloup aux têtes sculptées d'après Marie-Thérèse et à la série de dessins d'après La Crucifixion de Matthias Grünewald.
Le premier numéro de Minotaure avec une couverture de Picasso, paraît le 25 mai 1933. Il passe les vacances de l'été 1933 à Cannes avec Olga et Paulo. En septembre, il peint à Boisgeloup, La Mort du torero.
De juin à septembre 1934, il fait des séries de corridas, peintes, dessinées et gravées. En août, il voyage en Espagne avec Olga et Paulo, et se rend aux corridas de Burgos et de Madrid. Il visite le Musée d'Art catalan de Barcelone. Il réalise une série de sculptures à texture moulée : Femme au feuillage et Femme à l'orange. Au printemps 1935, la galerie Pierre expose des papiers collés. Minotauromachie est gravée. Il se sépare d'Olga en juin, et le 5 octobre, naît Maya Picasso, sa fille avec Marie-Thérèse Walter.
Le 25 mars 1936 voit le départ secret de Picasso avec Marie-Thérèse et Maya pour Juan-les-Pins. Il fait des gouaches et des dessins sur le thème du Minotaure. Cette même année, au début de la Guerre civile espagnole, il est nommé directeur du Musée du Prado à Madrid. Début août, Picasso part pour Mougins et Dora Maar l'y rejoint.
Guernica et pacifisme
À la suite du bombardement, le 26 avril 1937, de Guernica pendant la guerre civile espagnole, horrifié par ce crime, Picasso se lance dans la création d'une de ses œuvres les plus célèbres : Guernica. Elle symbolise toute l'horreur de la guerre et la colère ressentie par Picasso à la mort de nombreuses victimes innocentes, causée par le bombardement des avions nazis à la demande du général Franco.
Chez lui à Paris pendant la Seconde Guerre mondiale, Picasso aurait rencontré dans son atelier des officiers allemands très intéressés par son travail. Les officiers apercevant la célèbre peinture Guernica lui auraient demandé : « C'est vous qui avez fait cela ? », Picasso aurait répondu : « Non... vous »[8].
Très opposé à la guerre, il peint la célèbre Colombe de la paix (1949) à l'occasion de son adhésion au Conseil Mondial de la Paix. Il reçoit à ce titre un prix international de la paix en 1955.
Guernica fut exposé dans le Pavillon Espagnol de l'Exposition Internationale.
En octobre-décembre 1937, il peint La femme qui pleure (Paris, Musée Picasso), puis en 1938, fait un grand collage, Les Femmes à leur toilette (Paris, Musée National d'Art Moderne).
En juillet 1938, il va à Mougins avec Dora Maar. Début juillet 1939, avec Dora Maar, il part chez Man Ray à Antibes, d'où le tableau Pêche de nuit à Antibes (New-York, Museum of Modern Art). De septembre 1939 au début de 1940, il est à Royan, Séquence de Femmes au chapeau.
Entre 1942 et 1943 il réalise l'assemblage, Tête de taureau (Paris, Musée Picasso), L'Aubade (Paris, Musée National d'Art Moderne), L'Homme au mouton (Paris, Musée Picasso).
Il rencontre Françoise Gilot en mai 1943.
Engagement au parti communiste
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ses tableaux deviennent plus optimistes, plus gais, montrant, comme l'indique le titre d'un tableau de 1946, la Joie de vivre qu'il ressent alors.
Picasso habite chez Marie-Thérèse durant l'insurrection de Paris, en août 1944. Il adhère, le 5 octobre, au Parti communiste français et le 7 octobre s'ouvre le Salon d'Automne et la rétrospective Picasso.
Le Charnier (New-York, Museum of Modern Art) est peint en avril-mai 1945 d'après le souvenir de la découverte en décembre 1944, du corps supplicié de son ami le jeune poète surréaliste Robert Rius. Picasso part avec Dora Maar pour le Cap d'Antibes, en juillet, et le 26 novembre Françoise revient vivre chez Picasso.
En 1946, Picasso rejoint Françoise à Golfe-Juan, il visite Matisse à Nice. Puis en juillet, avec Françoise, il part pour Ménerbes (Vaucluse). En août, il s'installe chez Louis Fort à Golfe-Juan, et débute le travail au château d'Antibes en octobre.
Période de Vallauris
Le 15 mai 1947, naît son fils Claude. En juin, il part pour Golfe-Juan. Lorsque Picasso visite Vallauris à l'été 1946, il se rend chez Georges et Suzanne Ramié et modèle trois pièces de céramique. Lorsqu'il reviendra l'année suivante, il retrouve ses pièces et débute alors une période intense de production de céramique qu'on estime à près de 4500 pièces. Il s'installera à Vallauris en 1948 avec Françoise Gilot.
Le 25 août 1948, Picasso va au Congrès des Intellectuels pour la Paix à Wroclaw. Il revient à Vallauris à la mi-septembre. Il peint les deux versions de La Cuisine (l'une est actuellement au Musée Picasso de Paris et l'autre au Museum of Modern Art de New York).
En février 1949, La Colombe est choisie par Aragon pour l'affiche du Congrès de la Paix qui ouvre à Paris le 20 avril. Le 19 avril 1949, naît Paloma.
Le 6 août 1950, Laurent Casanova inaugure L'Homme au mouton à Vallauris. Picasso exécute La Chèvre, La Femme à la poussette, la Petite Fille sautant à la corde. Le 15 janvier 1951, il peint Massacre en Corée.
En 1952, il dessine La Guerre et la Paix pour la décoration de la chapelle de Vallauris, il écrit une seconde pièce de théâtre : Les Quatre Petites Filles.
L'affaire du Portrait de Staline dans Les Lettres françaises se déroule en mars 1953. Françoise Gilot part pour Paris avec les enfants.
Il fait les portraits de Sylvette David, en avril 1954. En juin, il rencontre Jacqueline Roque. C'est en décembre que débute la série des variations sur les Femmes d'Alger de Delacroix. Il s'installe en mai 1955, avec Jacqueline, à la villa La Californie à Cannes. En juin, a lieu une rétrospective au Musée des Arts décoratifs. Pendant l'été il travaille avec Henri-Georges Clouzot pour le film le Mystère Picasso.
En 1956, Les Baigneurs, les sculptures en bois (Stuttgard, Staatsgalerie) sont coulées en bronze. Il peint L'Atelier de La Californie.
Le 17 août 1957, il commence le travail sur Les Ménines (Barcelone, Musée Picasso).
Le 29 mars 1958 a lieu la présentation de la décoration pour l'UNESCO : La Chute d'Icare. En septembre, Picasso achète le château de Vauvenargues et peint La Baie de Cannes.
Les premiers dessins d'après Le Déjeuner sur l'herbe de Manet sont faits le 10 août 1959.
Il se marie avec Jacqueline à Vallauris, le 2 mars 1961, et en juin, s'installe au mas Notre-Dame-de-Vie à Mougins (près de Cannes). Il travaille sur les tôles découpées et peintes, La Chaise, la Femme aux bras écartés, la Femme à l'enfant, les Footballeurs.
En novembre 1962, il peint, l'Enlèvement des sabines dont une version se trouve au Musée national d'art moderne de Paris.
L'inauguration de la rétrospective au Grand Palais et au Petit Palais se déroule le 19 novembre 1966.
Au printemps 1967, Picasso est expulsé de son atelier de la rue des Grands-Augustins.
En janvier 1970, le Musée Picasso de Barcelone reçoit la donation des œuvres conservées par sa famille. Une exposition se déroule au Palais des Papes d'Avignon de mai à octobre.
En avril 1971, la galerie Louise Leiris expose les 194 dessins réalisés entre le 15 décembre 1969 et le 12 janvier 1971. Nouvelle exposition à la galerie Louise Leiris, en janvier 1973, qui montre cette fois les 156 gravures réalisées entre fin 1970 et mars 1972.
Picasso décède le 8 avril 1973, et est enterré dans le parc du château de Vauvenargues dans les Bouches-du-Rhône.
Une exposition de 201 toiles se tient au Palais des Papes d'Avignon de mai à septembre 1973.
Écriture et livres illustrés
En 1931, il participe à l'édition de deux livres majeurs accompagnés d'estampes. D'une part, Les Métamorphoses d'Ovide, avec 30 gravures à l'eau-forte et Le Chef-d'œuvre inconnu de Balzac, avec 13 gravures à l'eau forte. Au total, Picasso illustrera plus de 150 ouvrages durant sa vie parmi lesquels des chefs d'œuvres du XXe siècle : le Chant des morts de Reverdy avec 125 lithographies, la Célestine, avec 66 eaux-fortes et aquatintes, Vingt poèmes de Gongora avec 41 eaux-fortes et aquatintes, L'Histoire naturelle de Buffon avec 31 gravures à l'aquatinte, la tauromaquia avec 27 gravures à l'eau-forte et aquatinte etc.
En 1935, il se consacre intensément à l'écriture de poèmes, en écrivant près de 400 sur une courte période[10]. Durant la Seconde Guerre mondiale, Picasso écrit en 1941 une pièce de théâtre de style surréaliste, Le Désir attrapé par la queue, dont il donnera une lecture le 19 mars 1944 chez Michel Leiris avec ses amis Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Louise Leiris, Pierre Reverdy entre autres. La pièce sera finalement créée en juillet 1967. Il a écrit également deux autres œuvres littéraires : Les Quatre Petites Filles et L'Enterrement du comte d'Orgaz.
Sa cote
Le 10 novembre 1999, chez Sotheby's à New York, un portrait de Dora Maar provenant de la collection d'Eleanore et Daniel Saidenberg, intitulé Femme assise dans un jardin, une huile sur toile datée de 1938, s'est vendu pour 49 502 500 $ soit une somme supérieure à 45,8 millions d'euros, ce fut à l'époque la deuxième enchère jamais atteinte par l'artiste[réf. nécessaire].
Depuis, Dora Maar au chat (1941) s'est vendue 95 216 000 $ le 3 mai 2006 chez Sotheby's, acquise par un acheteur russe (l'estimation n'en donnait pas plus de 50 millions)[11], sans toutefois détrôner le Garçon à la pipe (1905), provenant de la Greentree Foundation et auparavant des collections de Monsieur et Madame John Hay Whitney, vendu 104 168 000 $ deux ans plus tôt, le 5 mai 2004 chez Sotheby's[12] ce qui constitua le premier tableau dans l'histoire dépassant la barre symbolique des 100 millions de dollars[13].
En 2007 aux enchères, la Femme à la mandoline s'est vendue pour 27 millions d'euros[réf. nécessaire], le Mousquetaire et nu assis a été vendu pour 9,954 millions d'euros en juin 2007 et la Tête d'Arlequin, a atteint 15,16 millions de $[14].
Des croquis de l'artiste sur papier sont en revanche nettement moins chers. Le dessin Buste de femme au corsage blanc (1957) a été vendu pour 40 000 euros en 2007. L'estimation était de 30 000 euros.
Afrique du Sud
L’inspiration africaine de Picasso
Vue de l'exposition.
(Photo: Valérie Hirsch/RFI)Plus de 80 œuvres de Picasso sont exposées du 10 février au 19 mars à Johannesburg. C’est une première en Afrique. C’est aussi la première fois que l’influence des sculptures africaines sur l’artiste phare de l’art contemporain est mise en valeur dans une exposition.
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De notre correspondante à Johannesburg
L’exposition « Picasso et l’Afrique » comprend plus de 80 peintures, dessins et sculptures réalisés par l’artiste espagnol entre 1906 et 1972. Ces œuvres mettent en évidence l’influence décisive de l’art africain sur Pablo Picasso, qui possédait chez lui une centaine de sculptures et de masques d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. « L’idéal aurait été de les montrer en parallèle avec les œuvres de Picasso. Mais sa collection est trop fragile pour voyager », explique Laurence Madeline, conservatrice du musée Picasso de Paris et commissaire de l’exposition avec Marylin Martin, directrice de la Galerie nationale d’art, au Cap. «Nous avons donc choisi une trentaine d’œuvres similaires dans les collections sud-africaines».
Après Marc Chagall et Joan Miro, c’est la troisième exposition organisée par l’ambassade de France en Afrique du sud, en collaboration avec la Standard Bank Art Gallery, à Johannesburg. Mais c’est de loin la plus prestigieuse : le budget de l’opération n’a pas été divulgué. L’exposition ne pourra toutefois pas être vue ailleurs sur le continent : seule l’Afrique du Sud dispose de galeries comparables aux musées européens. « Pour nous, c’est une consécration », confie Marylin Martin, qui accueillera l’exposition, du 13 avril au 21 mai, au musée du Cap. La manifestation inclut aussi un volet social, avec l’organisation de visites et d’ateliers pour les écoles de quartiers défavorisés.
Le musée Picasso de Paris a prêté l’essentiel des œuvres : « Notre idée n’était pas d’envoyer Picasso en Afrique comme un monstre de foire, commente Laurence Madeline. Nous avons voulu créer un dialogue avec un continent où Picasso n’est jamais allé, mais qui a eu un impact important sur sa créativité. L’art africain transparaît dans une centaine de ses créations ». Certaines études directement inspirées de sculptures du Mali, du Congo ou d’Angola n’avaient jamais été montrées au public. Le Musée d’art moderne de New York n’a toutefois pas voulu prêter Les Demoiselles d’Avignon, le tableau fondateur du cubisme, peint par Picasso après sa découverte de l’art africain, en 1907.
Une rupture avec l'académisme européen
« Cette découverte fut un choc, raconte Madeline. Picasso était en train de peindre Les demoiselles d’Avignon et manquait d’inspiration». Au musée du Trocadéro à Paris, les masques africains lui ont révélé une autre dimension de l’art : « Ce n'étaient pas seulement des sculptures comme les autres. C'était des objets magiques », dira-t-il plus tard. « Picasso a été effrayé par ces fétiches, poursuit la conservatrice du musée Picasso. Ils avaient beaucoup plus de puissance que l’art figuratif européen. Grâce à eux, il a trouvé les outils et le courage nécessaires pour rompre avec son éducation classique. Il a découvert l’abstraction de la forme : on ne dessine pas ce que l’on voit, mais l’idée de ce que l’on voit. Les Demoiselles d’Avignon avec leurs corps stylisés et leurs visages déformés comme des masques, ont marqué une rupture totale avec l’académisme européen.
L’art africain a aussi une influence importante sur le surréalisme entre 1925 et 1935 : dans ses «assemblages», Picasso s’est inspiré des sculptures africaines, qui mélangent des éléments de la vie quotidienne (clous, coquillages, tissus, cordes, etc.) pour leur donner une nouvelle signification mystérieuse. Grâce à l’influence de Picasso et d’autres artistes (Paul Gauguin, Maurice de Vlaminck, André Derain), l’art «primitif» - jusque là considéré comme une curiosité ethnographique – a été reconnu comme un art à part entière. «A partir de 1929, poursuit Madeline, il y a eu un engouement en France pour «l’art nègre» et le jazz. Le grand collectionneur Michel Leiris a attiré l’attention Picasso sur l’aspect sexuel de l’art africain, qui a inspiré certaines de ses sculptures dans les années quarante».
En 1952, Picasso avait donné une affiche au Mouvement des intellectuels africains. Vingt ans plus tard, le président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor lui avait rendu hommage en organisant une exposition de reproductions d’œuvres de Picasso, à Dakar, un an avant sa mort.
par Valérie Hirsch
Article publié le 09/02/2006 Dernière mise à jour le 09/02/2006 à 15:05 TU
Radio France Internationale, partenaire de l’exposition « Picasso et l’Afrique » diffusera, du 6 au 10 mars prochain plusieurs de ses programmes depuis l’Afrique du Sud : Plein sud, présenté par Amobé Mévégué ainsi que Le monde change de Patrick Chompré. De son côté, Laurence Aloir réalisera plusieurs reportages pour les émissions Médias du monde et Musiques du monde. Enfin, David Page, de la rédaction en langue anglaise de RFI, interviendra également en direct depuis Johannesburg.
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