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Paris, capitale mondiale du marché des Arts premiers
PARIS (AFP) - Paris est depuis quelques années la capitale mondiale du marché des Arts premiers d'Afrique et d'Océanie, forte d'une
tradition héritée d'un passé colonial et de l'engouement, au début du siècle dernier, d'artistes comme Picasso ou Matisse pour +l'art
nègre+.
L'ouverture du musée du quai Branly, dont l'inauguration suscite fin juin une semaine chargée
en ventes publiques -dont celle annoncée exceptionnelle de la collection Vérité les 17 et 18 juin
à Drouot- confirme cette tendance.
Pour l'expert Pierre Amrouche, "c'est à Paris qu'il y a le plus de galeries spécialisées dans les
Arts premiers, c'est en France qu'il y a le plus de collectionneurs d'Arts premiers, c'est en France
que se tiennent les plus importantes ventes aux enchères d'Arts premiers et c'est en France
qu'on aura bientôt le plus important musée d'Arts premiers", résume-t-il.
Paris "a regroupé tous les éléments" culturels et commerciaux - musées et marché - auparavant
dispersés entre Bruxelles, New York et la France, ajoute Marguerite de Sabran, responsable de
l'art africain et océanien pour Sotheby's Paris.
Le chiffre d'affaires est impossible à connaître car les transactions se font autant en ventes
publiques que dans les galeries ou entre collectionneurs. Mais pour Mme de Sabran, "de 50 à
60 pc des ventes d'art africain et océanien au monde se font à Paris", l'art précolombien restant
surtout aux Etats-Unis.
Les "premières ventes importantes d'art africain se sont faites à Paris, dans les années 30",
raconte Bernard de Grunne, galériste à Bruxelles et expert pour la maison Artcurial à Paris.
"Paul Guillaume était un marchand particulièrement actif. Pour chaque Cézanne qu'il vendait au
collectionneur le Dr Barnes, il lui mettait deux masques baoulé (Côte d'Ivoire) en plus ! Après, ça
s'est calmé, il ne s'est rien passé pendant 25-30 ans", ajoute-t-il, le marché se déplaçant alors
vers Londres ou New York.
La tendance s'est à nouveau inversée en 2001-2002, quand les maisons de ventes étrangères
ont été autorisées à venir vendre en France. "Par pure analyse commerciale, tout le monde a vu
qu'il valait mieux tout recentrer" sur la capitale française, ajoute M. Amrouche.
Et pour preuve, Sotheby's vendra le 23 juin, pour la première fois, une
collection américaine (la collection Dintenfass) à Paris.
Un masque Fang du Gabon a été vendu le 17 juin aux enchères à Drouot à
Paris pour la somme record de 5,9 M EUR (avec les frais), devenant ainsi
l'oeuvre d'arts premiers la plus chère jamais vendue au monde.
Le record de prix à ce jour était détenu par une statue de reine Bangwa
(Cameroun) vendue 3,4 M USD (2,7 M EUR) chez Sotheby's en 1990.
L'oeuvre a été adjugée dans le cadre de la vente de la collection Vérité, une
exceptionnelle collection de plus de 500 oeuvres d'arts premiers d'Afrique et
d'Océanie, parmi lesquelles des pièces majeures, qui est mise aux enchères
samedi et dimanche à l'Hôtel Drouot (maison Enchères Rive Gauche)
Mais les experts sont d'accord: le marché ne flambe pas excepté "les pièces
très importantes, rares, anciennes parce qu'il y en a peu", dit Mme de Sabran.
Les prix sont "à la hausse depuis 25 ans mais ce n'est pas un marché spéculatif. Il n'y a pas assez d'objets importants pour cela"," dit M.
Amrouche.
"Mes clients ne sont pas des gens qui disent +bon, j'achète, j'attends deux ans, tiens, la cote du Punu (masques du Gabon) a augmenté de 30
% je vends!+", ajoute M. de Grunne. "Ils achètent parce qu'ils aiment, ils mettent les objets chez eux et ceux-ci ne reviennent pas sur le marché
pendant 10, 20 ou 30 ans".
L'ouverture du musée du quai Branly ne devrait pas réellement changer la donne: "L'arrivée du musée entraîne l'intérêt du public, mais cela
n'en fait pas des acheteurs", dit M. Amrouche.
Publié le: 20/06/2006 à 10:14:08 GMT Source : AFP



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